Henry Dickson
Lisait Histoire d'O version dessinée par Guido Crépax, artiste italien admirable, lorsqu'il s'est endormi. Preuve qu'il vieillissait, à une certaine époque il ne se serait défiinitivement pas endormi. Ce qui lui aurait évité d'être réveillé subitement dans les petites heures du matin.
Il y avait un arbre de Noël fou dehors compte tenu des lumières de toutes les couleurs qui entraient par les fenêtre de la maison.
À moins qu'un lève-tôt ait pensé que c'était le moment idéal d'installer ses décorations de Noël ou d'Holloween et de les tester (il y en a qui prennent ces cérémonies tellement à coeur qu'ils vont laisser les décorations et lumières toute l'année. Couronne de Noël en plein été dans la fenêtre de l'entrée. Sapin de Noël illuminé extérieur et intérieur -avec les boules et guirlandes- en été. Ou ce seront les monstres de novembre (temps des élections) qui hanteront l'année durant même l'hiver.)
Mais des voisins proches, il n'y en avait pas. Ce qui avait décontenancé sont amie numéro 2 qui était venu faire un tour pour voir. Elle affirma que cet endroit avait bien des possibilités qu'elle entrevoyait avec précision. Définitivement pas la place pour un célibataire. Endroit idéal pour élever une famille. Les enfants auraient en masse de place pour jouer à l'intérieur les jours de pluies et encore plus de terrains de jeux extérieurs sans danger de se faire écraser par une auto comme en ville ou de se faire enlever par un pédophile. Elle était bien mignonne mais ces pulsions enfantines rendeaient méfiant n'importe quel célibataire, satisfait de son état et n'ayant pas envie d'en changer.
Il y avait bien sûr la différence d'âge. Elle ne rêvait que de couches à changer, de biberons à chauffer, de maisons à décorer avec une clôture blanche. Une haie. Il y a toujours une haie quelque part. Une plate-bande de fleurs. Un jardin peut-être. Et des fleurs dans la maison. Ceuillies toute fraîche dans la plate-bande.
Lui, se contenterait d'une île déserte avec visite occasionnelle d'une personne de bonne volonté.
Il entendait déjà les cris des bébés, enfants, ados et il en avait prématurément mal à la tête. Sans compter qu'il trouvait depuis toujours que les enfants puaient ou, au mieux, sentaient mauvais. Ce qui permettait à la femelle de l'espèce de les reconnaûtre parmi le mobilier familer et, au milieu d'autres braillards, de distinguer lesquels étaient les siens.
7 milliards d'habitants sur Terre. 8 à la fin de la décennie. 10 à la fin du siècle. La Terre avait autant besoin de femmes enceintes que de moutons avec une cinquième patte sur le dos.
Mais il est inutile de discuter de ça avec une femme, elles sont programmées pour ça. Et s'il n'y avait pas la moindre petite infinitésimale possibilités d'accident heureux (même avec la pilule ou le diaphragme) la plupart n'aurait jamais envie de faire l'amour. Ranger, faire le ménage ou épousseter leur procurant toutes les satisfactions nécessaires. Et l'Homme est tout à fait superflu dans cet univers ménager. Sauf source d'inconfort, de perturbation, dérangement et de poussière. Ce qui donnait une raison de ranger mais fatigue à la longue. On le tolère dans l'univers féminin parce qu'il amène avec lui des enfants, une maison, un carnet de chèques.
Elle avait accepté avec joie de passer la balayeuse. La Dyson ayant fait le même effet sur ses hormones qu'une Ferrari rouge sur le mâle moyen. Mais tout en chantonnant, elle ne cessait de demander s'il trouvait inquiétant l'absence de voisin. Des voisins, il y en avait. Mais à quelques milles, ce qu'il trouvait très bien. Si on les rencontre ou s'ils viennent faire un tour, ce ne sera jamais par hasard.
Comme la balayeuse faisait du bruit (on avait amélioré l'invention mais pas enlevé tous ses défauts, dont le moteur et le bruit du moteur), elle avait peur d'être surprise sans défense si jamais quelqu'un, un étranger, venait. Elle insista pour qu'il reste de garde ou qu'il barre toutes les portes en partant. Ce qui ferait qu'elle serait comme dans un fortin à l'abris du danger.
Quand il revint et la délivra (débarra la porte), elle était heureuse et épanouie comme une femme qui a étnedu son linge sur la corde à linge aux premiers beaux jours du printemps. Comme elle avait transpiré, défaut des femmes vivants, elle avait pris un bain. Apprécié le bain de fonte antique qui suit les courbes et garde l'eau chaude. Et il la retrouva dans le grand lit. Elle avait une lueur dans les yeux qui auraient prévenu les personnes les moins subtiles qu'elle avait quelque chose derrière la tête. Son sourire, sans doute. Ou le fait qu'elle était nue.
L'idée d'enfant tenaillait son esprit. Et il préféra prendre des chemin de travers ce qui la décut un peu mais pas tant que ça. Contente, elle s'endormit après lui avoir raconté sa journée et tout ce qu'elle pensait. Il s'endormit à son tour.
Elle était reparti travailler en ville le lundi matin de bonne heure, ayant utilisé sa fin de semaine de congé pour faire le grand ménage de la maison. Mais comme la maison était grande, elle promit de revenir.
Bref, pour des raisons diverses, tenant compte de leur métabolisme, chacun était content de l'autre et de son séjour.
Les jours passèrent. Il était seul et bien content de lui. De la maison. Et de l'univers.
Jusqu'à ce que l'arbre de Noël atterrissent de Vénus sur la maison.
Sifflements. Échos. Voix amplifiée par le haut-parleur.
- Rendez-vous !
S'il était mal réveillé ou en train de s'éveiller lentement, la suprise lui rendit instantanément l'esprit très clair. Les hormones circulèrent très vite dans son esprit.
_ Nous ne vous feront aucun mal. Sifflement.
Ce qui était rassurant.
_ Laissez partir votre femme et vos enfants. Ne leur faites pas de mal.
Sifflement.
_ Nous savons que vous souffrez. Un négociateur viendra parlementer avec vous dans un moment. Nous avons votre numéro de téléphone et il vous appellera. Si vous êtes d'accord, décrochez.
Sifflement.
_ Voulez-vous un café chaud? Des gâteaux?
Le téléphone mural noir sonne.
Bonne question. Voulait-il un café? Il était bien tôt. Et des gâteaux. Il était vraiment trop tôt.
Le téléphone mural continuait à sonner. Il sonnerait sans doute jusqu'à ce qu'il l'arrache du mur ou qu'il décroche.
_ Bonjour! Je suis psychologue. Vous pouvez me parlez de vos soucis. Il faut laisser aller votre colère mais dans une conversation. Vous pouvez me dire ce que vous ressentez. Vos frustrations. Hier, comment s'est passé votre journée? Je suis formé pour entendre vos confidences qui resteront confidentielles. Nous pouvons engager un dialogue constructif. Je sais moi-aussi ce qu'est la vie de famille. Le stress. Les enfants. Je peux même vous rencontrer.
Mais en signe de bonne volonté, il faudrait que vous laissiez partir un de vos enfants.
Bien sûr, vous recevrez votre café et vos gâteaux avant.
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27 avril 2012. État 1
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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