avait trouvé dans les tiroirs une des rares publications non officielles au sujet du village. Il cherchait autre chose et comme il arrive quelque fois avait trouvé. Autre chose, bien sûr. Pas des informations sur sa nouvelle maison comme il espérait, mais pas tant que ça. N'avait rien trouvé à ce sujet dans les différents recoins de la maison. Ce dont il se doutait. La maison étant son propre mystère et sa propre explication. Elle ne se révélerait pas aussi facilement. Qu'elle lui permette d'y vivre, qu'elle tolère sa présence, qu'elle supporte qu'on la scrute de partout. Ceci devrait lui suffire. Peut-être?
Mais dans ce vieux petit livre on pouvait peut-être, encore, en parler brièvement. Peut-être.
L'auteur, un érudit local, l'avait fait imprimer pour son compte et celui de ses amis historiens. Il avait consacré de nombreuses années de sa vie à réunir des souvenirs et des menteries auprès des vieux (difficiles, parfois, de faire la différence) (et eux-mêmes, parfois, semblaient y avoir de la difficulté) (tandis que lui, et tolérant et scientifique, il ne jugeait pas, son rôle ou le rôle qu'il s'était assigné était de porter la mémoire plus loin, la mémoire étant fragile et incertaines, contenue brièvement dans quelques livres de viande ou de gelée, d'où ce petit livre). On ne savait qui il était. Si on voulait savoir davantage de lui que sa signature sur ce livre. Et il n'avait pas tenu à en dire trop. Ne jugeant peut-être pas son rôle si important, au point qu'il l'aurait obligé à tourner la lumière vers lui. Et les témoins qu'il avait interrogé, il n'en disait pas plus. Seul ce qu'ils racontaient lui importait. Mais pas au point de vouloir à tout prix différencier le vrai de la fable, ce qui l'aurait obligé à faire oeuvre de scientifique sans en avoir les moyens. Il laissait ce travail à d'autres peut-être mieux équipés pour ce faire. Il se contenterait de leur fournir le matériel à étudier ce qu'aucun autre ne pourrait faire à sa place. Non que personne n'aurait ses compétences mais, simplement, ceci n'intéressait personne. Ou bien, certaines choses faisaient parti de ce dont on ne parlait pas. D'où le vague et les imprécisions protectrices si jamais ces mêmes esprits revêches mettaient le nez dans son oeuvre. Que pourrait-on lui reprocher? Il racontait les contes des vieux qui parlaient de loups-garous. Qui est contre les loups-garous?
Il y parlait donc d'un lointain passé sous une forme légendaire sans mentionner de date. Ou il faisait semblant de parler avec l'indifférence qui convient d'un passé peut-être pas si lointain. Ce qui fait que les événements décrits ou alignés auraient pu se passer dans un lointain passé ou un passé pas si lointain. On avait le choix.
Le maire et le groupe d'accueil touristique parlaient bien d'un album, d'un livre, d'un magazine, d'une brochure ou d'un dépliant destiné aux touristes et vantant les mérites du village. Mais comme personne ne s'entendait sur ce que le texte dirait et sur ce qu'il ne devait surtout pas dire, on ne faisait qu'accumuler des brouillons à classer. Ou à déchiqueter. Lorsqu'on avait les subventions pour ce faire.
Ou rien du tout, la plupart du temps.
Il va de soi que dans le dépliant touristique, on ne parlerait pas du fait ou des dires de certains anciens relevés par le vieil érudit (qu'il lisait dans son livre) que l'église avait été construite par le Diable.
Ou qu'une femme nue avait été trouvée crucifiée sur les portes de l'église.
Par les dignes paroissiens arrivant ce dimanche sur les marches du parvis.
C'était jadis, il y a longtemps.
À cette époque, ce genre de choses arrivaient souvent.
Et il y avait les dragons.
Mais lui ne mentionnait pas l'existence de dragons ou de monstre marins dans le fleuve ce qui signifiait probablement qu'il n'y en avait pas ou que n'en ayant jamais rencontré et que jugeant leur existence improbable il avait préférer utiliser son encre, celle de l'imprimeur et ses pages à parler de mystères probables.
Comme il rédigeait ses textes sous forme de contes, on ne pouvait trop savoir s'il affabulait, mélangeait l'imaginaire et la réalité. Ou s'il le savait lui-même.
Car des églises construites par le Diable, dans la province, il y en avait pas mal. Ou constuite par un gros cheval noir seul capable de tirer les pierres si pesantes. Cheval qu'il ne fallait jamais dételer, ni nourrir ni donner à boire malgré ses souffrances apparentes. Ce qu'on ferait inévitablement d'où bien des avanies.
Mais des femmes crucifiées, il n'y en aurait eu qu'ici. Et selon l'auteur, il y a très très longtemps.
Cette affaire choqua l'abbé, en visite, le curé et son vicaire. Et toutes les dames patronesses. Sans compter les marguillés. Et le bedeau.
On décrocha cette pauvre femme aussi vite qu'on pu. Elle était déjà morte lorsqu'on l'amena voir le médecin qui décida qu'en effet, elle était déjà morte.
Le curé aurait pu ressentir de la compassion pour cette pauvre femme victime d'un sort si cruel. Mais il recevait en ce moment de la belle visite. Un chanoine arriverait sous peu. Et, l'évêque qui faisait sa tournée paroissiale pour la cérémonie de la confirmation des enfants seraient bientôt là. On avait rafraîchi les plus belles chambres du presbytères. Celles qu'on ne réservait qu'aux évêques. Comme celles réservées aux dignitaires religieux moins important.
Que dirait l'évêque? Et l'archevêque, si jamais il venaìt à l'apprendre? Et il l'apprendrait, car tout se savait dans la grande famille de l'Église.
On le tiendrait responsable de ce scandale. Non qu'il en soit la cause, certes pas de la cause directe mais de la cause indirecte, coupable par association d'être un élément de la longue chaine des causes ayant mené à cette infamie, ce blasphème où à la fois tous les sacrement et les mystères de l'Église étaient foulés au pied et profanés.
Oui, par son manque de vigilence et sa mollesse dans la gouvernance des âmes, il avait permis qu'un tel acte insensé se produise.
Les conséquences seraient terribles pour lui et sa paroisse. Sa paroisse serait privée de lui. En quelque sorte, orpheline.
Oui, on risquait de le dépouiller de sa paroisse, qu'il embellissait depuis des décennies. Et, comme le fermier et le défricheur, semait des âmes, des champs d'âmes que le Seigneur récolterait. Et, du haut de sa chaire, lors des messes, il aimait contempler ses champs et ses moissons. Tous ces pieux fidèles assemblés sous lui. Se disant avec un orgueil justifié que tous étaient sa création, sa plantation, ses champs. Que deviendraient-ils sans lui?
Prêtre, il le serait jusqu'à son dernier souffle mais, lui-même devenu objet de scandale, on pouvait décider de le reléguer au rang de vicaire et de l'envoyer dans quelques paroisses ou villages de défricheurs. Ou de pécheurs. Ou de mineurs. Dans une froide et haute montagne où il neige sans cesse. Ou dans une forêt où on ne voit jamais la lumière porter la bonne parole aux indiens sans cesse ivres. Ou, pire, dans un monastère, pour prier et demander pardon de ses errements quelques années ou jusqu'à sa mort. Et chercher tout ce temps, en lui-même les failles ayant mené ses ouailles dans un tel ...
L'un d'eux pouvait-il être responsable de ce forfait?
Ce crime contre la maison de l'Église et contre son capitaine, son guide.
Ce n'était pas le sort de cette misérable qui importait, elle avait sans doute mérité son sort. Aucune femme ne meurt ainsi. Elle devait donc avoir de terribles ennemis et les avoir mérités. L'impertinence des femmes leur apportant sans cesse des ennuis. Mais pas de cette ampleur.
Qui attaquait bien plus que sa périssable carcasse qui s'en irait bientôt pourrir dans la fosse commune. Par son entremise - il y voyait un complot- , on (qui?) se servait de son corps comme arme pour troubler le peuple de sa paroisse.
Il fallait réagir. Et il profita du dimanche suivant pour agir. Et de toute la semaine qui avait passé si vite à écrire son prêche. On avait trouvé la malheureuse, sans doute victime de sa faiblesse bien féminine, le dimanche d'avant et, la surprise lui ayant enlevé tous ses moyens et la voix, il avait dû laisser son vicaire procéder à l'office. Et, ne sachant lui-même qu'en dire, il n'en dit rien. Ce qui porta les gens à murmurer. Et plus le temps passait, plus ils murmuraient davantage. Il fallait faire cesser ces murmures et ces soupçons. Et c'est à coups de plumes et d'encrier qu'il s'y employait sur son écritoire.
Comme un boxeur, il se préparait à affronter son village de pécheurs. Il n'aurait droit qu'à cette chance. Et tous viendrait. Tous l'attendrait. Et il y aurait dans la salle, le chanoine et le coadjuteur. Aucune erreur doctrinaire et stylistique ne serait permise. Chaque mot devait être pesé sur la balance la plus fine. Les citations bibliques indispensables ou nécessaires devraient être vérifiées par lui-même. Dans le texte. Il ne pouvait laisser une si lourde responsabilité à quelqu'un d'autre. Tout ce travail intellectuel et doctrinaire était épuisant. Il avait l'impression d'être un cheval de labour dans un champs neuf.
Enfin, le moment était venu. Il avait lu et relu silencieusement, à voix basse et à voix haute son texte. 50 fois plutôt qu'une.
Et c'est comme s'il tenait une arme chargée qu'il monta les degrés de l'escalier tournant menant à ce qu'il voyait comme la vigie du navire religieux.
Du haut de sa chaire, il regarda les fidèles assemblées. Tout l'église était pleine comme à Noël, chacun attendait de savoir ce qu'il allait dire et comment il interpréterait ce qui venait de se passer. Présage pour un futur terrible. Signe de la fin des temps.
Faudrait-il cesser de travailler pour se mettre à prier et préparer ainsi non seulement sa mort mais la Fin de l'humanité?
Il eut un regard doux et amène pour les paroissiennes les riches. Sérieux lorsqu'il vit le chanoine tout aussi sérieux. Puis son regard devint lourd et terrible.
Du haut de sa chaire, il passa en revue les femmes qui avaient provoqué ce scandale. Certes pas les femmes de qualité qui contribuaient si bellement à la caisse et aux bonnes oeuvres de la paroisse. Et qui savaient si bien suivre ses conseils prodigués au confessionnel. Conseils qu'elles seules pouvaient transmettre à leur époux. Qui, comme les gens de leurs castes, ne se faisaient pas souvent voir à l'office. Eux-seuls pouvant se permettre ce genre de fantaisie dangeureuse pour tout autre.
Mais toutes les autres femmes.
Car toutes, elles étaient coupables. Du fait de la faiblesse de leur sexe. Et de toutes les tentations qu'elles mettaient dans la têtes des faibles hommes incapables de contrôlers leurs impulsions.
Ce qui leur arrivait par la suite était leur faute. Et, la Bible a raison de conseiller la lapidation de la femme pécheresse. Même celles qui prétendraient qu'on auraient abusé de leurs corps et d'elle contre leur volonté.
Prétexe!
Source et cause de la tentation, tout leur arrive. Siège et résidence du démon. À cause d'elle. Sans cette volonté dont elle font tant de cas et qu'elles utilisent si peu souvent dans leur vie. Comme le fumier attire la mouche.
Il les tint donc pour responsables, presque coupables de ce qui venait de se passer. Sans l'existence même des femmes et de leurs corps que tous avaient pu contempler sous la forme accrochée à la porte, la tentation n'oppresserait pas autant et si souvent les pêcheurs.
Leurs corps manquait de retenue, de pudeur. Tout était trop. Trop extrême, trop de tout.
Mêmes les vêtements les plus pudiques ne masquait que l'extrémité de l'excès. Elles étaient là et elles n'auraient pas dû y être. Dans certaines régions du monde, on leur interdit de sortir de la maison. Dans d'autres plus accomodantes, ce ne peut être fait qu'accompagnée. Ce qui est un signe de faiblesse.
Elles devaient donc se repentir d'être ce qu'elles étaient. Et il avait pensé à une procession de nuit, à la lueur des chandelles. Une cérémonie d'expiation.
Elles devraient implorer le pardon du Ciel d'être ce qu'elles étaient. Sans cesse source de tentations. Auxilliaires du Démon. Cause de la perdition de tant d'honnêtes hommes.
Devant sa furie et sous le coup de ses terribles paroles, les paroissiennes pleuraient dans les bras les unes des autres. Oui, elles en étaient convaincues, tout était de leur faute.
Exister, vivre était de trop.
Il fallait ne plus sortir et rester à la maison. Ou se recouvrir d'un drap noir si on était ébligé de le faire. Du fait de ne pas avoir d'enfant, ni frères, ni mari.
Coupable.
Et, ayant fini de toutes ces femmes, il passa ensuite à la prostituée épinglée comme une mouche ou un papillon sur le beau tabernacle spirituel au centre du village. Il fallait faire frémir.
Quelle tentation diabolique avait pris à cette femme de mourir de cette façon? Ici? Satanique imitation de la Passion et du Sauveur. Une femme nue dans son corps misérable et infirme imitait Jésus. Et les portes de l'Église devenait sa croix.
On avait planté et bien planté, le bedeau en était témoin, des clous robustes forgés dans ses poignets et ses pieds.
Satanique comédie infernale.
Elle avait été clouée sur la croix vivante et on l'avait baillonnée pour l'empêcher de crier. Et c'est en étouffant qu'elle était morte. Finalement. Heureusement.
Scandale.
La prostituée sacrée. La Babylone maudite. Sodome et Gomorrhe. La putain.
ll utilisa ce mot plusieurs fois même s'il heurtait les chastes oreilles de ses paroissiennes. Il était pris d'une frénésie qui l'inspirait et il délira une heure sur l'Enfer et les femmes. Les paroissiennes en sortirent épuisées, les jambes molles. Se promettant d'être de meilleures chrétiennes.
Si ton oeil te scandalise, arrache-le!
Si ta main est cause de scandale, couple-la!
Si ton coeur scandalise les esprits simples, efface-le! Recouvre-le d'un linceuil! Réprinande-le avec un silice! Couvre-le de cendre, de tissus raides.
Sans cesse le corps des femmes est source de scandale et de tentation. On ne savait qu'en faire. Leur laisser la moindre inintiative et elles se dévêtissent ou, parfois, pire, le recouvre de tissus transparents qui laissent tout devinver et, pire, sont source d'inspiration et de rêverie envers ce qui n'est même pas là. Leur don d'imitation étant inouïe.
Il parlait sans s'écouter, laissant l'inspiration divine guider sa bouches. Ce qui lui laissait le temps d'examiner l'auditoire ébahie. Il est vrai qu'il n'avait jamais aussi bien parlé ni été aussi inspiré.
Ce talent d'aurateur et de tribun, il se l'ignorait. Il avait fallu ce scandale. Cette colère. Pour qu'il sorte de lui-même. Et, il s'écoutait en spectateur, se trouvant vraiment très bon.
Il y avait un moment qu'il était sorti de ses notes. Son texte avait été répété comme pour un examen. Démonstration orale et écrite.
Ah! S'il avait su aussi bien dessiner qu'écrire, il aurait pu noter le vêtement simple et de bon goût qui lui venait à l'esrpit. Une sorte de chasuble de moine. Grise. Épaisse. Large. Sans forme. Précisément. Qui les recouvrirait de la tête au pied. Et avait-on besoin de voir leur visage. Ce visage qui est à lui seul source des premières tentations. Il leur suffisait de voir. Un espace minimal suffirait. Et un homme pour le guider, comme on guide les bêtes.
Il s'entendit dire:
Chienne! Cette chienne crucifiée! Qui défie même dans sa mort l'autorité de l'église. Ce petit corps ridicules affiché comme la dépouille d'un corbeau ne vaincra ni ne renversera les murailles de l'Église.
Il désigna du bras les portes où il y avait si peu de temps était accroché la pécheresse rouges couverte de sang impur. Et tous tournèrent la tête pour suivre son mouvement.
C'était comme si la jeune femme était encore là. Crucifiée encore une fois. Offerte à tous.
Et d'un autre geste, il ramena l'audience en lui. Ce matin-là, il avait un pouvoir total sur son assistance. Et il en jouait comme d'un instrument de musique. Il pouvait sentir ses rires. Le mot d'esprit qu'il leur lançait. Le rire qui prenait à l'assistance. Comme une contagion. S'emplifiant. S'élevant, s'élargissant et prenant les dimension du temple sacré. Augmentant d'intensité et lui revenant comme une brise chaude et bienfaisante. Accompagné d'une énergie nouvelle augmentée de toute celle de la foule. Il était un aigle. Dépoyait enfin se ailes. Et lançait des proclamations. Qui résonnait dans la foule semblant réunie en 2 seuls yeux écarquillés. Foule dont la peau résonnait comme un tambour.
Il en était sûr, de ce matin, naîtrait des vocations. Et on pourrait enfin évangéliser la province ce qu'on avait négligé de faire faute d'apôtres. Et empêtré par l'administration.
Oui, il y aurait des témoins de la Foi et, peut-être, oui, certainement, des martyres.
Oui, oui, demain, commencerait la Grande Croisade de l'Évangélisation des anglais. Ces immondes pourceaux de protestants.
Ses dons se multipliaient. Il parlait. Disait telle chose, trouvait des références et des proverbes appris depuis longtemps et depuis aussi longtemps enfouies dans son esprit. C'est comme si son esprit lors de ses 50 ans d'apprentissage avait tout retenu, rien oublié. Et que tout lui devenait enfin accessible. Et, pendant qu'il parlait, il pouvait s'écouter parler, ravis de ses dons. Et il pouvait aussi penser, comme lorsqu'on laisse un vieux cheval vous ramener à la maison et qu'on peut se laisser aller à rêvasser ou méditer. Il fallait aller plus loin. Frapper les esprits. Définitivement. Comme un ennemi qu'on abat.
Il fut inspiré.
Il cessa de parler. Laissa le silence emplir l'église et vibrer. Tout l'assistance était tenndue vers lui, comme une corde de violon attendant l'archet. Soumis à lui.
Il laissa le silence agir sur les esprits. Ce matin-là, il savait sans avoir appris, ce que les mots, les sons et ls silences pouvaient faire. Quelle durée serait nécessaire.
Il sortit son mouchoir, le regarda longuement. Sentant jusque dans ses os l'interrogation de la foule. Comme tout un chacun, il se moucha longuement, ce qu'on ne voit pas à la messe. S'essuya son nez morveux. Regarda longuement et pensivement le mouchoir et son contenu comme s'il s'y trouvait toutes les leçons de l'antiquité. Il le tendit à l'assistance. Le montra à tous. Élevant les bras. Et les abaisssant. Comme un levier. Levant son mouchoir sale et étant emporté vers le bas par ses immondices. Comme si le mouchoir repoussant était trop lourd pour qu'il puisse le supporter:
Guenille!
Il éleva son mouchoir vers la voute de l'église.
Putain!
Et de tout son long s'abattait sur la rambarde de bois sec qui vibrait et souffrait.
Prostituée!
Il élevait de nouveau son mouchoir comme un drapeau.
Guenille.
Et dans un cri de douleur déchirant comme s'il venait d'être frappé par un éclair tombait le dos courbé. La tête dans les mains. De désespoir. Son mouchoir pendant toujours bien à la vue. Attitude spontanée mais savamment étudiée à la fois.
Sale putain!
Babylone maudite.
Reine écarlate.
Sodomite.
Immondice.
Et, épuisé, il s'abattit comme mort une dernière fois sur le bord de la chaire la faisant vibrer infiniment de son poids.
Il termina son invocation par une parole inspirée:
Merci de ne pas m'avoir fait femme!
*
25.26 avril 2012. État 2