HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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23.4.12

35. HISTOIRE DE FANTÔMES

Henry Dickson

Va à la bibliothèque, dans le meuble à tiroirs où sont rangés les albums et les boites de photos et diapositives et les rouleaux de films super-8 et les piles de cassettes VHS qu'il avait trouvé avec la maison.
Des albums aux épais couvercles de velours avec des photos de métal.
Un peu comme une promenade au cimetière.

Quelques notes manuscrites sur un faire-part de décès gardé en souvenir. Une jolie photo triste d'une fillette.
Grippe espagnole. Jeanne 1918. 12 ans.

Dans un tiroir. Des piles de cartes mortuères et de faire-part.

Dans un autre tiroir, des images ou des photos (pour les plus récents) de saints ou de saintes avec ou sans reliques. Des médailles. Et des scapulaire.

Et un tiroir de chapelets bénis. Ou non. On peut pas savoir.

Dans un autre tiroir, des croix de cercueils. En bois, en métal. Avec Jésus ou non. Pour le plus modernes. Il était de coutume et ça l'est encore de visser une croix sur le dessus du couvercle mais on la dévissait au moment de la mise en terre pour la remettre à la famille. Les familles éplorées avaient donc toute une collection de croix.

Un tiroir de chandelles et de cierge de cire d'église. Odeur bien particulière. Et des cierges neufs mais à utiliser par le prêtre lors de l'extrême onction.

Violette 1918. 10 ans.
Bien sûr, il ne reste rien de tout ça au cimetière local. On aime faire régulièrement place nette. Rien que des morts neufs, des décès récents. Un cimetière bien net, moderne.

Anne 1918. 5 ans.
Une pierre tombale de papier qui pourrait servir de marque page dans un livre.
Vilaine Histoire. Sur les 1000 bons chrétiens du village, la moitié malade. Le curé, le médecin, morts. Et l'infirmière morte.
Toujours le même déroulement: 50 % de la population atteinte mais une petite partie seulement mourra. Une grippe qui se complique. Et devient vraiment compliquée.
Canada, 50 000 morts. USA, 1 million. Monde, 100 millions. Population mondiale de 2 milliards, 1 milliard de malades.
Probablement apporté de Chine comme tous les virus, jusqu'aux plus récents. Trop de gens. Trop entassés. Relation malsaine avec le bétail comme on a soupçonné lors de la grippe du poulet puis du cochon. Virus amenés par les immigrants dans les grands pays par les bateaux et circulant ensuite au coeur de ces mêmes pays par le train. Comme pour un homme malade dont le propre sang propage la contagion en utilisant ses veines et ses artère. Allant de ville en ville. Puis de village en village.

Chaque malade infecté mais non encora alité apportant sa contribution au bon rayonnement de la mort en voyageant tant qu'il pouvait. Qui se serait douté. Une simple grippe. On ne va pas cesser de travailler ou de voyage parce qu'on a le rhume.

Et infestation en Éurope par les troupes US venus participer au carnage. Et retour aux USA par ces mêmes troupes encore plus malades. Sans compter les infirmes de la première boucherie internationale.
Encore aujourd'hui, on appelle ça une grippe; comme on l'avait appelée à l'époque. Tenant compte des témoignages du temps. Qui affirment en même temps n'avoir jamais rien vu de semblable. Donc que ce n'est pas tout à fait une grippe.

Mais comme il ne reste aucune trace du virus, on ne peut utiliser les laboratoires modernes pour en dire plus. Mais ce qu'on peut tout de même dire, compte tenu des connaissances modernes, c'est qu'aucune grippe ne fait de tels ravages.

Donc que ce n'est pas une grippe.
Et les États-Major et leurs savant nazis fous, toujours en train de préparer dans leurs labos démoniaques quelques nouvelles souches virales pour leurs futures guerres biologiques/bactériologiques aimeraient tant avoir à leur disposition une telle arme si intéressante. Encore aujourd'hui, ils ne s'en remettent pas.
Peut-être qu'ils meurent de désespoir, ce qui est tout de même bien.

Pauline, 11 ans.

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23 avril 2012. État 1