HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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30.4.12

50. HENRY DICKSON SE CONNECTE À LA PENSÉE UNIVERSELLE OU C'EST LA TV ?

Henry Dickson

Pense à l'auto moche

Qu'est-ce qu'en aurait pensé Isaac Newton?

*

30 avril 2012. État 1

49. LA HACHE QUI A TUÉ LA FEMME: SA VIE, SON OEUVRE, SON HISTOIRE.

Henry Dickson

Découvre dans le grenier une caisse de haches. Les têtes seulement, déjà bien aiguisées, chacune enveloppée soigneusement dans un papier ciré et huilé et à qui il suffira d'ajouter e d'ajuster un manche à sa taille chez l'ébéniste du coin. Tout dépendant de la longueur de ses bras, de la grosseur de ses mains. Et un ébéniste de ses amis savait donner au manche cette courbe si inspirante pour le bûcheron connaisseur tout en lui donnant un fini de qualité supérieure. Et, comme on disait, le manche de bois le meilleur s'usera bien avant la hache. Il cassera ou l'humidité aidant ne pourra plus retenir le fer qui pourra s'envoler à tout moment et estropier quelqu'un.

Un autre talent du maréchal ferrant qui n'était pas satisfait des haches du commerce lorsqu'il devait bûcher son bois de chauffage. Rien de ce qui existait ou, du moins, qu'il connaissait n'équivalait à son idéal et n'était donc à la hauteur de ses strictes exigences. Homme inventif et entreprenant, il déclara devant toute sa famille: c'est une hache que nous allons contruistre.

Il décida donc de fabriquer ses propres haches puisqu'il était arrivé au sommet de son art et avait envie de relever de nouveaux défis. En outre, il avait le matériel sous la mains. Feu, fer, forge. Il suffisait de leur donner de nouvelles formes. Et amplement de modèles de qualité inférieure qu'on lua demandait d'osculter quand il fallait redresser leur fer. Il avait eu tout le temps voulu pour les étudier. Le chemin à parcourir fut difficile et bien souvent tortueux. Finalement, il produisit une tête de hache parfaite. Lui qui n'était jamais satisfait. Il la regarda et ne fut pas amer de tout le temps qu'elle lui avait pris. Il s'endormit enfin apaisé.

Il fit vendre son premier et unique modèle au marché public par un de ses fils. Les passants étaient dubitatifs. Tout ce qu'il avait sur son étalage était cette hache avec son manche. Coûtant le prix de 5 haches semblables. Un bûcheron fut attiré par l'attroupement et informé par tous, voulut l'essayer. Il prit hache et manche d'une main, balança le tout, l'équilibre était parfait, on aurait dit une arme ancienne. Prévoyant, le fils avait apporté quelques buches au cas où quelqu'un voudrait essayer l'invention de son père. Ce personne n'avait osé faire, la plupart étant davantage scandalisé par le prix. Le bûcheront de tout sa hauteur dit que si sa hache tenait la moitié des promessses que le petit jeune homme lui faisait, il l'achèterait le double du prix demandé. Il prit la bûche, l'installa sur le gros billot de coupe assez large pour couper les têtes et d'un léger coup d'épaule, la hache entra dans le bois qu'elle fendit de haut en bas. Tout ceci est bien beau et admirable. Mais qu'en est-il pour la fente de travers, dans le fil du bois, c'est bien et rare mais à contre fil. Il prit une autre bûche entière de la grosseur d'un bras d'homme et la coupa aussi nettement que la tête d'un poulet. Le produit était admirable et s'il avait eu les mots pour le faire, il l'aurait encore mieux vanté que le faisait le jeune homme. Il l'acheta donc au prix exigé. Le jeune homme qui était nouveau dans l'art du commerce refusa que son nouveau et seul client lui paie les 5 fois le prix que celui-ci lui avait promis par espirt de provocation.

Enchanté par ce témoignage de confiance, l'artisan consentit à faire une deuxième hache.

Et la seconde hache rencontra un succès bien mérité. Il en fait une troisième et acquis la réputation d'offrir un produit de qualité supérieure. Un seul. Puisqu'il ne faisait que des haches. Pour le moment, 4.

Le slogan inventé par l'un d'eux qui fit plus tard carrière dans la publicité: Une seule qualité la meilleure.

Et un seul prix.

Il ne marchandait pas. Il ne voulais pas se concurrencer lui-même. Ce qui permettait à d'autres commerçants de haches de moins bonne qualité, moins efficace, moins durables, donnant plus d'ouvrage, exigeant plus d'effort au travail, de le concurrencer. On achetait donc un prix au lieu d'un produit.

Comme bien des pionniers, il n'eut pas tout le succès mérité. Mais les véritables amateurs sachant reconnaître la qualité furent toujours satisfaits. On disait même qu'un seul coup suffisait alors que plusieurs étaient nécessaires par les modèles concurrents. Et leur métal, de qualité inférieure, s'usait, s'ébréchait sans cesse davantage alors que son tranchant demeurait parfait, immaculé comme la Sainte Vierge.

L'arbre devenait plus souple, s'attendrissait, le métal entrait dans son être comme on aurait fauché de l'herbe. On disait qu'un bûcheron avec cette hache pouvait couper 20 cordes de bois par jour. Alors que de jours, avec une scie mécanique et une fendeuse hydrolique, le meilleur bûcheron ne pourra en faire que 15. Ceci aurait dû suffire pour assurer son succès et sa renommée mais il faut croire que la vie et l'économie sont injustes.

Malgré que sa forge connusse un succès extraordinaire et que l'on vienne de partout pour le ragarder travailler et être en bonne place pour ne pas perdre son tour afin de s'assurer de sa production.

Même s'il en vendait autant et aussi vite qu'il en produisait, les amateurs de haches réservant d'avance tout ce qu'il pourrait noter sur son carnet de commande; le temps, les efforts, le coût du matériel, lui permettait à peine de vivre de son art. En fait, plus il avait du succès, plus il s'appauvrissait. Voyant que son travail n'était pas reconnu à sa juste valeur, il cessa sa production. Sur un coup de tête.

Vous voulez de la merde, dorénavant, c'est ce que vous aurez! Vous ne verrez pas la différence, puisque c'est ça que vous aviez avant. Et c'est ce qui arriva. La plupart des gens ignorant ce qui s'était passé continuèrent à se contenter de ce dont ils s'étaient habitués.

Il devient donc forgeron décorateur de ferronnerie décorative en fer forgé pour les gens des classes supérieures.

Il eut un bref instant l'idée de se remettre à fabriquer des chapelets malheureusement la concurrence des produits Italiens était imparables. Et du fait de la proximité du Vatican et des bénéfices intemporels et spirituels que pensaient à en tirer les acheteur - avantage que ne manquait de faire valoir les commis voyageurs- il ne pourrait arriver à les concurrence. Même avec l'aide de l'archevêché local. Il avait une famille à nourrir et la fabrication des chapelets n'était pas suffisante.

Et son épouse étant de plus en plus malade et montrant des signes révélateurs de son âge, il lui faut des revenus stables et assurés.

Les modèles qui restaient presque inusables si on savait les entretenir et les aiguiser se vendaient et se revendaient toujours bien longtemps après sa retraite. Et, de nos jours, les collectionneurs savent encore les apprécier. Mais étant donné leur coût, on les affiche comme trophée ou oeuvre d'art plutôt que de risquer de les abîmer en pleine nature. Quoique, on l'a dit, elles soient virtuellement inusables et quasi indestructibles. Et que leur principal don est de couper. Quoique ce soit. Et non de décorer un salon.

On put restaurer certains modèles leur redonner leur apparence originale tout en s'assurant de leur authenticité et en respectant leurs spécifications d'origine.  

Les haches de la dernière période d'activité de l'artisan émérite étaient reconnues pour être différentes de leurs équivalents des époques antérieures, sans que l'on ne sache toutefois jusqu'à quel point ni exactement sous quels aspects. Tout ce que les spécialistes peuvent dire c'est qu'elles coupaient si parfaitement que l'objet à couper, supposons un arbre, semblait se fendre, s'ouvrir et s'écarter avant même que la tranchant de la lame ne l'effleure. L'effet est inexplicable et il semble qu'il n'ait jamais été expliqué.

On dépista les fournisseurs originaux et leurs successeurs pour obtenir davantage de détails sur les matériaux disponibles et utilisés et avoir accès aux catalogues de leurs propres intermédiares.

Malgré des recherches intensives, on ne put jamais copier à la perfection son modèle et son métal. On fut incapable et on l'est toujours de trouver ce qu'il lui faisait. Et on disait que lorsqu'on avait essayé de scier l'un de ses fer pour en étudier la composition, l'ingénieur tomba gravement malade. Et il refusa toujours de vendre sa recette ou de la breuveter ce qui aurait rendu public son procédé tout en étant supposé le protéger. La divulgation étant obligatoire pour le bureau de brevets. Ce qui aurait permi à ses concurrents de le copier effrontément.

De nouveaux problèmes se posaient sans cesse à ceux que le défit ne faisait ni reculer ni frémir. Le premier consistait à reproduire le nom de l'artisan en lettres cursives tel qu'il apparaissait sur les fers de haches usés. L'autre à préciser les détails pertinents de la plaque du fabricant inséré dans le manche de bois de manière à pouvoir la reproduire. La documentation publicitaire et la documentation sur les pièces indiquaient que les manches d'origine avaient été fabriqués par celui qui était déjà bien connu des spécialistes mais une nouvelle plaque récemment trouvés indiquait un nom inconnu. Pourquoi cette différence?

Une photographie en gros plan du nom de l'artisan qui s'y trouvait suffit pour fabriquer et graver une nouveau monogramme, identique à l'original. Mais pouvait-on s'en contenter?
La recherche de la clé de l'énigme mène directement à un autre collectionneur et rénovateur, président de la seule fabrique de manches de hache encore en activité de nos jours. Héritier et petit-fils du fondateur de la compagnie. On avait continué à produire des manches de haches bien après que les premiers fers de hache qui avaient mené à la création de l'atelier de l'artisan ébéniste fournisseur de manches de haches cessèrent d'être disponibles. D'autre fabriquants continuaient, eux, à en fournir sans être aussi bons et durables et de loin mais ils étaient, justement, les seuls disponbles. Avec l'aide de ce dernier, l'examen d'anciens dossiers permit de découvrir le procès-verbal d'une réunion du conseil d'administration, tenue en 1908 et au cours de laquelle le nom de la compagnie fut  changé. La plaque signalétique nouvelle était donc la bonne pour le modèle 1908, alors que celle qui était déjà bien connue était correcte pour les versions ultérieures. Les érudits poussèrent un soupir de soulagement.

Mais chose sans doute encore plus étonnante, une visite de son usine permet de découvrir le moule du lettrage de la marque utilisé pour fabriquer ces inscriptions originales. Contrairement aux actuels ensembles de matrice pour production de masse, lesquels sont constitués de deux moitiés, l'une mâle et l'autre femelle, cette matrice ne présente que la partie femelle. Les artisans de l'époque formaient le lettrage en déposant le manche de bois sur le moule précédemment recouvert d'une mince couche d'argent pour ensuite marteler le bois dans le creux du moule avec un maillet de bois. Le propriétaire de l'usine donna le vieux moule au fondateur du musée pour qu'il l'ajoute à sa collection.

Toutes ces compétences et habiletés ont été mises à contribution pour restaurer le modèle d'origine que l'on pensait introuvable. Et que l'on découvrit au musée de la police.

Selon un spécialiste reconnu de cette marque, le résultat de ce processus de restauration d'une durée de cinq ans est la plus magnifique hache jamais construite. Il ajoute que très peu de restaurations ont fait l'objet de recherches aussi fouillées et d'un souci du détail aussi approfondi. Aucun petit composant n'a été oublié et chaque pièce convient parfaitement. Autant l'objet final que les recherches exigées pour mener à bien sa restauration font de ce modèle une ressource inestimable pour les autres restaurateurs aussi bien que pour ceux qui étudient l'histoire de la hache.Voilà un précieux hommage au patrimoine forestier de notre pays.

Malheureusement, ce qui était supposé être la réplique parfaite de l'original, en tout point comparable, si on plaçait les 2 objets côte à côte: l'original et sa copie parfaite, personne n'aurait pu faire la différence. Mais dans un test de coupe, l'original coupait parfaitement et bien plus et bien mieux que la copie. Ce qui était inexplicable et frustrant. Comment 100 ans plus tard, avec les moyens technologiques à notre disposition ne parvenait-on pas à faire aussi bien ou, idéalement mieux, qu'un seul artisan muni d'une forge.

Un des dernièrs modèles en circulation servit à fendre le crâne de l'épouse du propriétaire de la maison. Il ne put jamais expliquer son geste.

Et il arriva, heureusement rarement, que d'autres cas similaires se produisent.

Et cette hache disparut d'une façon inexplicable sur le lieu même du crime. Monsieur Dickson pourrait en témoigner si on le lui demandait.

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30 avril 2012. État 1

48. HENRY DICKSON POULLUE ET CONTRIBUE AU RÉCHAUFFEMENT PLANÉTAIRE ET À LA FONTE DES GLACES DU GRAND NORD ET À LA MONTÉE DES EAUX QUI ENGLOUTIRA UNE PARTIE DES ÎLES ET DES CONTINENTS EN MÊME TEMPS QU'À LA DÉSERTIFICATION CE QUI PROVOQUE DES ÉMOTIONS PARASITES AINSI QU'UN PHÉNOMÈNE DE DISSONANCE COGNITIVE CHEZ LE LECTEUR HABITUÉ À LA TV

Henry Dickson

Regardait

L'auto que lui avait laissé le propriétaire de la maison était particulièrement moche. Vraiment déprimante. Elle prenait la poussière dans un coin. La seule chose à dire pour elle, c'est qu'avec sa couleur grise naturelle, on ne voyait pas trop la saleté. Sauf les merdes d'oiseaux qui la survolait comme des stukas.

Il y avait l'un des 2 qui était de trop: lui ou elle?

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30 avril 2012. État 1

29.4.12

47. COMMENT FAIRE L'AMOUR À UNE AVEUGLE. OU DEUX.

Henry Dickson

Volait dans les airs comme un oiseau.

Il y avait eu une explosion. Et les hommes à côté de lui avaient été déchiquetés. Ou avaient été éventrés. Les un peu plus légèrement éloigné du cercle avaient eu les jambes arrachés. Merveille de la technologie moderne.

Lui pendant son vol plané ou à l'atterrissage était tombé dans le comas. Et lorsque des mois plus tard, il en était sorti (juste au moment où on allait le débrancher pour respecter les restrictions budgétaires). À ce moment, il était paralysé. Et aveugle.

On le roulait donc à droite et à gauche pendant qu'il suivait des cours de paralysés et d'aveugles donnés par des spécialistes bien intentionnés qui n'étaient ni paralysés ni aveugles et ne l'avaient jamais été et n'avaient bien entendu aucune intention de l'être. D'ailleurs les cours que l'on donnait aux spécialistes des paralysés et aveugles exigeaient précisément qu'ils ne soient ni paralysés ni aveugles.

Ensuite, il devint moins paralysé. Pouvant rouler dans une chaise roulante électrique. Commande vocale. Puis il put se servir de ses mains (avec des gants de cuir) pour rouleur lui-même ses roues.

On était fasciné par ses progrès. Inhabituels compte tenu de sa situation. On parlait de résilience. Et de qualité des soins. On le citait en exemple de réussite. Et on l'avait pris plusieurs fois en photo devant l'immeuble ou dans un des immondes étages de l'immeuble pour en vanter les mérites. Il va de soi que personne de sensé n'avait envie de venir ici. Sauf les spécialistes qui étaient bien traités. Mieux que les malades, patients, bénéficiaires qui n'étaient pas mal traité mais seulement traité comme des malades à la charge de l'État et du personnel.

À une autre époque, on les aurait euthanasié.

Il avait entendu un comptable calculer ce que coûtait le simple fait de maintenir en vie tous ces légumes. Sans compter le prix de revient de ceux qui l'étaient moins et qu'il fallait rééduquer. Certains passeraient leur vie ici et on consacrerait à leur confort le salaire d'un haut fonctionnaire sans qu'eux-même voient vraiment la différence.

Pendant que l'on vantait sa capacité inouïe d'adaptation à son milieu, monsieur Dickson qui se déplaçait alors en chaise roulante et à qui personne ne faisait attention entre 2 séances de tortures (rééducation) se promenait ici et là et complétait sa collection.

Lui aussi calculait. Il était ici depuis 3 ans. Avait les jambes inactives du format de ses os (pas de muscle). Si tout se passait bien, il passerait sa vie ici. Ou dans un appartement supervisé. Un autre que lui y aurait été déjà mais il bénéficiait d'un traitement de faveur et d'une pension gouvernementale.

Il était devenu le spécialiste du suicide du département. Activité confidentille et anonyme. Confronté à cette nécessité, la plupart des gens se trouvent pris au dépouvu puisqu'ils n'y pensent jamais.

Quel est le meilleur remède? Ou le moyen technique le plus adéquat.

Quelqu'un de son étage avait pensé que c'était l'égorgement avec un scalpel. Si ceci peut être efficace lorsque vous le faite à votre prochain dans son dos, le faire soi-même change la perspective et l'angle d'attaque de la lame. Vous coupez. Mais pas assez. Pas assez loin. Ce que faisait remarquer un chirurgien ironisant près du lit du malade: Il faut être modeste, humble, mon ami. Pencher la tête comme lorqu'on prie.

Pensant avoir par ces sages paroles donné une raison de vivre à celui qui s'était seulement tranché les cordes vocales et portait un large pensement autour du cou pour soutenir sa tête parce que les muscles avaient été attaqués. Mais pas assez.

La fois suivante, le suicidaire fut humble, pencha la tête et le cou et se l'ouvrit d'une oreille à l'autre. Il y eu du sang jusqu'au plafond. Les 2 artères avaient été proprement ouvertes. Du beau travail.

Mais fallait-il finir ainsi?

Comme il n'existe aucun manuel (il en trava plus tard mais ils étaient inaccessibles dans la bibliothèque bien (très) sommaire réservé aux malades capables encore de lire ou de tenir un livre. Lieu tenu par des bénévoles, malades eux-aussi, essayant de s'occuper avant de dormir ou de mourir.) il fallait tout rédécouvrir soi-même. Et se créer sa propre science. Sans bénéficier des conseils avisés des spécialistes qui en savaient plus que la plupart sur le sujet. N'ayant évidamment pas étudié ce chapitre à l'université mais ayant accumulé suffisamment d'erreur pour comprendre ce qu'il ne fallait pas faire. Et, à l'opposé, c'est ce qu'il ne fallait surtout pas faire qui intéressait la secte des mourants anonymes.

Se pendre est bien. Certains l'ont fait. Mais au moment de l'agonie, les sphincters s'ouvrent. Et s'il est de tradition de dire que le pendu a une érection à ce moment, on oublie de dire qu'il chie aussi. Ce qui est salissant.

On pourrait dire qu'à ce moment, ce sujet ne le concerne plus et qu'il probablement d'autres sujets de préoccupations (comme le salut de son âme), il était d'avis, que les jolies infirmières avaient assez de boulot et lui avait suffisamment torché le cul lorsqu'il ne pouvait pas le faire lui-même sans leur donner un surplus de travail.

D'autant plus que des comme lui il en arrivait sans cesse.

Et pas aussi chanceux que lui. Ce qui était fatiguant, c'est qu'on ne cessait de rappeler et de lui faire se souvenir combien il était chanceux.

Exact! Très peu de gens passent du point A où il était à son arrivée ici au point C où il était. Mais c'était le point Z qui lui important. Retrouver sa forme d'avant. Sinon, aussi bien se débarrasser de sa vieille carcasse inutile et recommencer une vie nouvelle parmi les éons. Ou une nouvelle mort. Ou rien du tout.

Il y avait longtemps qu'il ne croyait plus en quoique ce soit et ce n'était pas son séjour ici et les opérations qu'il avait subi qui avaient amélioré la chose. En fait, il avait découvert de nouvelles étapes dans l'incroyance.

Par exemple, on raconte partout que la vie humaine est la valeur suprême. Pas celles des animaux que l'on bouffe. Mais la vie humaine, résumé par ces mots La Vie. Et il avait surpris bien des conversations où on évaluait statistiquement ou par journée la durée de vie possible ou probable d'un locataires. Puisque tous étaient là, dans ce motel, provisoirement. Ils sortiraient inévitablement un jour. Par la porte d'en avant ou d'en arrière. En fait, celle du sous-sol, où l'on descendait les cadavres (ceux des locataires des chambres arrivés au bout de leur terme hypothécaire et ceux qui avaient mal vécu ou pas du tout leur énième opération). Il y avait là, la morgue, qu'il avait visité avec un nouvel ami infirmier (tout à fait illégal et non conforme, mauvais pour le moral des locataires). Il avait vu les portes des frigon et les tiroirs. Se les était fait ouvrir. Il avait même demandé qu'on tire sur la civière d'acier inox vide. Il faisait particulièrement chaud ce jour-là. L'infirmier avait fait de même. L'avait soulevé (à l'époque, il pesait presque rien ayant fondu de 100 livres) et étendu dans son futur logis. Lui-même s'étendit sur le lit voisin. Dans le grand plateau, il se sentit bien et détendu. Vraiment bien.

Il avait pensé un moment à demander à son nouvel ami de prendre un des instruments tranchants, sciant ou contondant - il y avait même un monstrueuse paire de ciseaux à ressort pour couper le cou d'un patient d'un seul coup. Au cas où on aurait besoin d'une tête sans corps.

Après tout, on était dans la salle d'autopsie.

Étant donné son état physique, il aurait été si facile à l'autre de l'achever en un instant. Il n'aurait rien pu faire pour l'empêcher et n'avait aucune intention de se débattre. Mais il y a des choses que la politesse interdit de demander.

Ils restèrent donc un bon moment à bailler aux corneilles puis l'infirmier entendit sonner sa montre lui indiquant que son tour de garde commençait et que l'époque des loisirs se terminaient.

On referma soigneusement les portes brillantes et on ne revint plus. Aucun des deux n'en parla comme si c'était un épisode gênant de la vie des ados lorsque certains se saoulent comme des cochons pour se réveiller le lendemain couvert du vomi des voisins. Marcher pieds nus dans le vomi chaud, le sien ou celui d'un autre, est un expérience inoubliable mais que l'on tient à oublier.

À ce moment, il n'y avait pas Internet et toutes les informations très utiles qu'on peut y trouver. Ce que la plupart des anciens professionnels de l'info dénigrent parce qu'ils se sentent dépassé, mis à part, vieux jeu!

Et les clubs de sucide qui ont fait bien des progrès depuis l'époque du doctuer Kevorkian. On peut même s'abonner. Et on reçoit par la poste le petit kit de mécano chimique qui vous permettra de procéder au lieu et date de votre choix. On ne vous force pas. Vous êtes libre. Et un des dernières des liberté qui vous restent, c'est celle de décider de la date de votre mort. Puisque vous mourrez inévitablement. Et ce sera à la Nature et à la société de décider pour vous.

Il avait donc potassé les livres de médecine et de pharmacalogie disant quand on s'informait de sa soudaine soif de culture qu'il pensait, si jamais il s'en sortait, commencer un cours dans un de ces domaines. Il y aurait bien quelque chose pour les infirmes qui n'obligent pas à se lever, se déplacer trop vite ou à lever de lourdes charges.

Mieux informé, il avait appris quel médicament était nocif, lesquels pouvaient provoquer le plus d'effets secondaires (affreux) lorsqu'ingéré en concurrence. L'idée de ces compendiums étaient d'éviter les erreurs fatales. Son idée était de chercher et de trouver la meilleure erreur fatale.

Une fois indentifié le meilleur ou le pire des médicaments ou la meilleure ou la pire association de médicaments, il fallait se la procurer. Comme on les trouvait sous divers noms et apparences (il y avait des photos couleurs), il ne fallait pas se tromper.

Il était alors facile de faucher la pilule qu'il fallait. Les aide-infirmières qui distribuaient les médicaments avaient leur plateau à pilules et les noms de patients. Certains aussi comateux que lui à un certain moment mais ils étaient jusqu'à preuve du contraire considéré comme faisant encore parti du cercle des vivants et on leur allouait donc, fonctiannarisme bureaucratisme oblige, le ou les comprimés nécessaires à leur état. Comprimés qu'ils ne prenaient évidamment pas et qu'on lassait dans un petit gobelet de papier au chevet de leur lit. Et que l'on jetait plus tard par mesure d'hygiène. On n'allait pas les remettre en bouteille une fois que les mouches auraient chié dessus. Les horaires changeant sans cesse, l'établisseement roulant 24 sur 24, c'étaient les aides-infirmières ou préposées au bénéficiaire qui les jetaient. On ne comptabilisait pas les rejets. Seulement les sorties. Ce qui permettait de prendre son quota de pilules.

Ensuite, après avoir réuni son arsenal, le compteur se mettait à tourner. Chacune avait sa date de péremption, date où ses effets s'amenuisaient ou devenaient chaotiques.

Il fallait ensuite calculer les moments de congé, les grands congés légaux, religieux, patriotiques, officiels quand il n'y a que du personnel en formation ou des temps partiels, tous les autres pouvant bénéficier de ce congé payé. La nuit, là où il n'y a que les même en moins grand nombre. Ou des surnuméraires des agences.

Au pire, il resterait à faire comme monsieur Primo Levi et se jeter en chaise roulante dans l'escalier mais il avait 70 ans. Et on ne sait combien de marches il y avait. Lui était plus jeune. Il pouvait se casser tous les os, il y avait assez de spécialistes ici pour le réparer presque indéfiniment quitte à souder ses os et ses vertèbres et le confiner à son lit jusqu'à son décès. Risque à prendre en considération. On se sort des camps de la mort pour finir dans une chaise roulante. Il y a de quoi être déprimé. Et on lui reproche. L'accusant après son décès d'être en contradiction avec ses écrits. Comme s'il fallait une preuve de leur véracité. Celle-ci étant dans la vie et la mort noble et héroïque de l'auteur. Depuis longtemps, seuls les amateurs (ou les spécialistes des générations passées) font le rapport entre l'oeuvre et la vie. Pour un auteur, l'oeuvre est le meilleur de sa vie. Celle-ci n'étant que la pelure de banane nécessaire. On essayera une autre métaphore plus tard. 

Il avait sa collection de pilules, renouvelées au besoin, ticket nécessaire pour le grand voyage touristique en Enfer.

C'est elle qui aperçut le manège. La seule. Elle avait probablement des sens de plus ou des dons extrasensoriels. Ou elle n'était qu'aveugle et avait dû développer certains dons plus que d'habitude.

Elle n'aimait pas quand il devenait distant.

Alors, il parlait moins et semblait calculer quelque chose. Compter. Mesurer.

Elle n'aimait pas quand il comptait ou mesurait.

Il l'avait connu quand il était aveugle. Elle était une aveugle professionnelle, une aveugle d'habitude puisqu'elle avait ce don ou cette infirmité depuis l'enfance. Lui, était un aveugle amateur. Amateur peu doué. Et il détestait ça.

Un peu comme lorsque dans un voyage organsé tout inclus vous vous retrouvez à des milles de la plage dans le taudis avec vue sur la playa.

Dans son cas, on pouvait parler de don. Puisque le fait de ne pas voir ce que tout le monde trouvait normal l'avait forcé à voir autrement et autre chose. Elle voyait donc ou percevait plus, mieux, autrement que tous.

Personne ne faisait attention à elle puisqu'elle était aveugle depuis si longtempse et qu'il n'y avait rien à faire pour les cas dans son genre.

Lui était comme ces grosses mouches qui se cognent sur les ampoules électrique et se cognent et se cognent sans jamais apprender quoi que ce soit.

Ils n'auraient jamais dû se rencontrer.

Il était là à compter les jours qui lui restaient comme un prisonnier calcule et soustrait les jours de sa libération de cellule. Elle était ailleurs, dans son petit appartement dont elle connaissait tous les recoins, très contente de son sort. Disant sans cesse qu'il aurait pu lui arriver bien pire. Le genre de personne qui se contente de peu et à qui la vie offre peu et dont personne ne fait attention.

Elle s'était retrouvé là parce que son spécialiste y avait été nommé. Et que la science du moment avait fait des progrès dont elle allait bénéficier.

Les sourds avaient eu les implants cochléaires qui leur permettait enfin d'entendre. Pas tous mais beaucoup. En fait, quelques-uns parce que ce n'est pas donné. Ils avaient pu délaisser le langage des signes qui leur avait été si utile.
Depuis longtemps, on prévoyait qu'un jour, on pourrait enfin remplacer les globes oculaires par des caméras. Celles-ci se miniaturisant sans cesse et au contraire de la logique de notre échelle humaine, ce faisant acquérait de plus en plus de précision.
Après tout, les yeux ne sont que des globes plein d'eau munis de lentilles qui reflètent la lumière à l'envers vers le nerf optique qui est une partie du cerveau sorti de sa boite crânienne protectrice dans laquelle il flotte protégé par du liquide qui l'empêche de se cogner aux os de son aquariium qui l'entourent pour aller prudamment inspecter l'univers extérieur.
La théorie étant au point, ce n'est que la pratique qui manquait ou traînait de la patte. Il y avait quelque chose que l'on ne comprenait pas. Au lieu de se dire que l'on va étudier studieusement davantage et laisser à une génération future de savants qui auront étudier plus à cause de nos efforts la gloire de parvenir enfin à faire voir ou redonner la vue à un aveugle. On voulait la gloire et les bourses d'étude tout de suite. Même le Prix Nobel de médecine.
Il y avait une caméra. Un peu grosse. Trop grosse. L'opération en théorie était simple, il suffisait de connecter le nerf optique à la caméra comme on connecte ce genre d'appareil tous les jours dans les studios de tv. Au lieu des fils électriques, des fibres nerveuses. Même chose mais matériel plus sophistiqué.
On allait prélever son oeil. On commencerait pas un oeil. Comme la caméra était lourde et encombrante, on ne pourrait pas la faire pénétrer dans l'ouverture du crâne prévue à cet effet. Et il n'était pas question de l'agrandir. On proposa de faire une sorte de jonction. Comme une prise de courant. Un fil, plutôt des fils, en fait un tas de fil serait connecté à chaque nerfs du nerf optique. Fils réunis en un seul que l'on connecterait à la caméra. Qu'elle pourrait tenir à la main comme on tient un appareil photo. Pas un Minox ou un téléphone portable. Un Nikon pro. Ou un Hasselblad.
Plus les test se poursuivaient avant la grande opération, plus on découvrait que l'appareil photo ou la caméra qui serait nécessaire était lourde et encombrante. La dernière version était si lourde qu'elle obligerait l'usage d'une chaise roulante motorisée.
L'aveugle qui s'était déplacé jusqu'à présent tant qu'elle voulait (tout simplement, elle ne voulait plus aller dans les endroits inhospitaliers pour les aveugles en bonne santé) serait dorénavant confiné à ce fauteuil. Pour le reste de ses jours. Parce que l'équipe poursuivant ses recherches sur le fil indispensable (il y avait différents labo se concurrençant dans la fabrication des divers composites nécessaire au lancement de la fusées sur la Lune. Pour cet hôpital, il s'agissait de ça. Gloire, fortune, subvention, marchandisation de l'invention. ) n'arrivait pas à trouver la connection idéale. Malgré le nombre de rats ou de lapins de labo sacrifiés à cet usage. Si on y arrivait pour la prise. Le problème, c'est qu'on ne pouvait pas déprendre, déconnecté ou recommencer. Il y avait une détérioration à chaque fois. On ne pouvait certes recommencer indéfiniment l'opération. Les coûts pharaoniques. Et le confort de la bénéficiaire.
On arriva donc à la conclusion que si opération il y avait, elle se devrait d'être définitivement. La patiente ferait donc parti de la chaise motorisée indispensable pour le transport de la caméra, de son ordinateur et de sa batterie. Le tout pesant, patiente de 110 livres comprises, près d'une tonne.
Comme elle pourrait être réticente à abandonner son petit chez-soi douillet pour finir ses jours dans un hôpital universitaire - l'invention était au point mais les connections bio/cerveau/mécanique/optique étant encore dans les limbes de la science, une équipe de spécialistes devraient se relayer pour une observation constante. Il y avait les risques de rejets toujours possible. Les risques de rejet et de non acceptation psychologique nécessitant un groupe de psychiâtre. Qu'est-ce que ce serait lorsque comme le premier coeur artificiel (des tas de patients dont cette invention avait pu sauver la vie moururent simplement parce qu'ils n'acceptaient pas de survivre grâce à une machine) on serait rendu à l'étape du premier cerveau entièrement mécanique. Pouvant enfin rejeter ce tas de viande désormais inutile. Vestige d'un stade primitif où l'évolution se déroulaient infinimiment lentement au cours des millénaires. Alors que l'Évolution de l'Homme serait désormais humaine, fruit des laboratoires de génétique, chimie, mécanique.
Sur place, on pourrait faire face à toutes les surprises. Et les recherches se poursuivant sans cesse, grâce entre autres aux études qu'on faisait sur son cas, on pourrait comme pour le coeur mécanique, l'améliorer sans cesse, le faire de plus en plus petit et durable. Il y aurait d'autres générations d'yeux. Au début, il n'y en aurait qu'un seul. Mais le suivant, disponible l'année prochaine était déjà au stade d'étude.
Comme elle ne savait à qui parler, ayant rompu depuis toujours avec sa famille qui la considérait comme un déchet indigne de vivre, un poids pour la société et un parasite vivant à leur crochet, elle se confia terrorisé des bribes de secrets qu'elle apprenait et devinait au seul aveugle disponible dans les environs. Lui, qui n'était pas aveugle depuis un moment et n'avait aucune envie de se rappeler de cette pénible période.
À son grand dam, il devait surseoir à ses projets d'exécution personnelle - la date idéale arrivait sur le calendrier lunaire- pour écouter ses pleurs. Et il est vrai qu'elle était sacrément jolie quand elle pleurait.
Non seulement pour une aveugle. On a toujours l'impression qu'ils sont moches. Que le fait de faire pitié les ratatine.
Les revues de gonzesses se demandent tout le temps si l'amitié entre un homme et une femme est possible. Sous-texte bien compris par le lectorat féminin mais jamais expliqué clairement: entre une femme jeune ou jolie et baisable et un homme ni infirmie ni vieux ni malade. Ni pédé.
Il va de soi qu'un ado normal a envie de baiser tout ce qu'il voit, dès qu'il est capable de faire une telle chose. Et l'envie lui cessera dès qu'il ne pourra plus. Il pourra alors penser à la littérature grecque. Anciennement, parvenu à ce stage, la Nature l'abattait comme un chien. Ou le laissait bouffer par un prédateur griffus à grandes dents qui lui brisait le cou et la colonne vertébrale. Puisqu'il était désormais inutile. Et que d'autres mâles jeunes le remplaçait avantageusement. Comme son petit neveu qui venait de lui plonger son épée dans le ventre.
La nature l'ayant conçu ainsi. 150 millions. Un seul homme en supposant qu'il en reste un seul de son espèce pourrait recopier l'humanité à lui tout seul. À supposer qu'il reste une seule femme ou 150 millions. Une espèce d'oiseau ou les poissons en produisent 10 milliard d'un coup.
Généralement ce que fait, dit, pense, ressent un femme indifférère profondément et totalement un homme. Il s'en fout.
Mais si elle est jolie.
Et dans le jeu de la vie, il ne faut surtout pas surévaluer l'importance des pensées des uns ou des autres qui ne sont que des ustensiles utilisés par les chromozomes pour durer.

Le hasard fait et défait les choses. Parce qu'on n'a rien à faire et qu'on s'en fout, on traine votre chaise ici et là. Et vous rencontrer quelqu'un que vous n'avez jamais rencontré. Une aveugle à la jolie voix. Vous êtes aveugle à ce moment. Elle aussi. Et elle se remet d'un séjour en chirurgie où on a encore essayé de lui faire passer ce défaut.

Comme il avait toujours été sensible à la voix des femmes. Si elle était... musicale. Difficile à dire. C'est comme expliquer le vin a quelqu'un qui boit de l'eau. Il aima cette voix. Mais ne s'intéressait pas aux femmes à ce moment et ne croyait jamais s'y intéresser un jour. Quant à l'amitié entre homme et femme, possible ou non, il pensait plutôt à Caligula qui dit un jour que s'il pouvait réunir tout le peuple de Rome en un seul cou, il le lui trancherait.

On dit que les gros sont joviaux, les vieillards sages, les femmes aimantes et maternelles, les mères maternelles itou. Les infirmes sont chanceux car comme les vieux ils auront la chance de devenir sage mais plus vite.

S'il avait pu crever de rage, il l'aurait fait. La seule chose de son corps qui fonctionnait était son cerveau. ET il était écoeuré de ce qu'il voyait et prévoyait. Il ne voyait rien - physiquement- mais il voyait clairement comme un grand films 3 D ou cinémascope (le 3D n'étant pas encore commun à l'époque sauf avec des lunettes de carton avec des vitres de plastique verts et rouge.

Le prête, on présumait qu'il était catholique même s'il refusait de parler- l'encourageait à servir d'exemple à l'humanité souffrante. Bonne chose, il aurait tout le temps de pratiquer.

S'il aurait pu, il se serait jeté du toit ou à travers de la fenêtre. Mais il ne pouvait même pas pisser tout seul.

Comme il avait tout son temps pour penser, il commença à envier monsieur Hitler qui eut tout un empire pour se défouler.

Héros de guerre, handicapé suite aux gaz de combat - belle saloperie- il devint aveugle. C'est ensuite que les historiens diffèrent. Partant de l'idée qu'il était un minable et un raté, il ne pouvait pas vraiment être atteint parce que si ça avait vraiment été les gaz, il aurait eu les poumons brûlés et on n'aurait jamais entendu parler de lui. S'il avait survécu, il aurait craché ses poumons pendants les mois et les quelques années qui lui seraient resté. Et il aurait été aveugles s'il avait eu les yeux vraiment brûlé. Signe qu'on lui en voulait vraiment. À l'époque, les maladies psychosomatiques et les chocs post-traumatiques étaient considérés par tous les médecins d'armée et, évidamment, par les États-Majors comme une une techniques de lâches et de tire-au-flanc. Du genre de ceux qui se tirent une balle de carabine dans le pieds et la main gauche. Si on ne les fusille pas pour l'exemple, on les envoie boiter en première ligne. Ou on les fouette sur une roue de char. La chair à canon doit savoir ce qu'on attend d'elle. Aujourd'hui, qu'on se permet des guéguerres d'opérette (no.1 = 20 millons de morts. no. 2 = 80 millions) on se penche sur la détresse des soldats.

Ben, monsieur Hitler était en compote nerveuse. Il mit 1 an à en revenir et un médecin le guérit de son aveuglement en lui disant qu'il ne pouvait pas et ne devait pas se laisser aller, sa vie n'était pas inutile ou foutue, car l'Allemagne avait besoin de lui. Dans l'état où elle était, il ne pouvait la laisser seule. Et il faut guéri.

Se découvrit peu à peu des tons d'orateurs, de meneurs, de politicien, d'homme d'État, de grands sorciers, de conquérants qui lui ont permis de changer la face du monde. Comme d'autres petits copains avant lui.

Il abandonna sa carrière de peintre et d'architecte ce que certains lui reproche encore. Tout en continuant à le traiter d'artiste raté. Comme si un tel homme capable de faire de si grandes et terribles choses n'auraient pas pu canaliser cette puissance dans son art. Faut décider ce qu'on veut.

Et si nos crétins d'Ottawa disent que la première guerre mondiale a permis au Canada de s'émanciper en tant que nation de la tutelle Britannique dont il était une colonie (au moyens de 200 000 morts et blessés pour 7 millions d'habitants!), la principale réalistion de la guerre mondiale 1 fut la fin de l'empire Russe et son remplacement par l'empire communiste, la fin de l'empire Ottoman et le pillage de ces régions par les vainqueurs de la guerre. Et l'invention de monsieur Hitler dans une nouvelle vie de caméléon.

Comme il était aveugle, il se faisait lire la vie d'Hitler et rêvait de carnage. Il commencerait par les banquiers qu'il pendrait par des fils à piano (ou à guitare) à des crochets de boucher. Pour des raisons poétiques.

La femme aveugle que révoltait ce genre de lecture insistait pour qu'on lise quelque chose de léger. Genre littérature féminine de bon goût. Lui, ricanait. Le bénévole qui faisait la lecture leur dit de s'entendre sinon il allait devoir se mettre au braille (qu'elle connaissait- c'est elle qui ricanait alors - les aveugles sont cruels).

Puisqu'on devait partager la salle des visiteurs et les temps de lectures à un moyen terme: Suétone et Balzac. Il aurait préféré qu'elle préfère Alexandre Dumas.

Il devint moins acrimonieux - la présence féminine provoque parfois ce genre de phénomène- et accepta d'aller jusqu'à Lovecraft.

Il oublia Hitler et l'idée de ravager le monde pour s'intéresser à elle. Elle avait une jolie voix. Et, même malade, sentait bon.

Comme les gens qui vont mourir - il avait remarqué que les gens qui vont mourir et le savent ou le sentent sans le savoir encore- ne sont pas discret et se racontent facilement comme si tout ceci était loin derrière eux, qu'ils s'en allaient ailleurs ce qui était exact. Rien de trop intime ne les gêne. Et il avait remarqué aussi que même en ne sachant pas le sort de la personne à ce moment, une fois que l'inévitable (inconnu à ce moment) est arrivé, tout ceci devient évident. Les confidences. Le naturel. Celui qui n'a plus rien à perdre laisse graduellement tout.

Comme les gens qui vont mourir, ils se racontèrent. Pas tout. Mais presque tout de ce qui les concernait. Tandis que ce qui pouvait nuire à d'autre était oublié. Personne ne posait de question.

Arriva un moment où ils s'ennuyèrent l'un de l'autre. Et se sentait mal seul tout seul. Ils cherchèrent alors à précipiter les moments de conversation ou à les faire durer.

Comme dans toute institution, le règlement et les horloges règlent les vies des gens retournés au stade de l'enfance quelque soit leur âge. Il fallait s'en aller chacun dans sa chambre.

Le temps passa. Pas sur elle qui resta toujours aveugle. Plus sur lui qui alla de mieux en mieux. Moins aveugle et plus du tout. Moins comateux et plus du tout, moins paralysé mais encore un peu.

Il cessa de penser à ravager le monde et à détruire l'humanité - il lui en resta bien quelques bribes de misanthropie- pour peut-être pas se réconcilier avec lui mais désirer simplement s'en aller doucement. 

Ce qui n'était pas si simple comme on a dit.

Et lorsque les projets chirurgicaux réservées à sa nouvelle amie (les hommes et les femmes peuvent-ils être amis? Les âmes vivent en famille et, toutes perdues à la naissance, cherchent par la suite sans cesse à se retrouver) furent réglés dans l'agenda des équipes de chirurgiens et le budget de l'étage, il fut terrorisé.

Pas autant qu'elle. Elle avait beau refuser. Dire qu'elle bien comme ça. On ne le croyait pas.

Personne ne veut être bien aveugle.

Le dire c'est présenter des signes de confusions qui démontrent qu'on ne doit pas prendre en compte vos dires puisque vous ne savez plus ce que vous dites.

Et si une personne montrant des signes d'intelligence à la malchance d'être aveugle, frappée de cette calamité, tout ce qu'elle peut vouloir dans la vie, c'est de cesser de l'être.

On commençait à douter de sa raison. Et on se mit à lui parler lentement avec des mots simples détachés les uns des autres, en répétant.

Pourquoi refuser une telle opération puisque c'était pour faire avancer la science. Elle ne voulait pas que la science avance? N'était-elle pas égoïste?

Et c'était pour son bien.

Vilaine aveugle!



*

29 avril 2012. État 1

46. HENRY DICKSON REÇOIT ENCORE DE LA VISITE MAIS SA TARTE AU SUCRE N'EST PAS PRÊTE

Henry Dickson

Observe les 2 hommes assis en face de lui. 2 policiers militaires assis à la place des 2 détectives de la SQ. Eux sont venus en Mercedes G, la Jeep ou le Hummer de l'arme canadienne, on ne se refuse rien.

On lui tend des photos. Les mêmes que celles de la police plus quelques autres. Ils s'approvisionnent sans doute à la même source mais semblent plus généreux dans l'illustration de leur propos. On n'est pas loin de la présentation Power Point.

Il ne peut que répéter ce qu'il a déjà dit que le crâne ne lui dit rien et ne lui rappelle rien sauf les crânes vu dans les encyclopédie ou les films d'horreur à la tv.

Bien sûr, avec les nouvelles photos et ce qu'elles montrent: boucle de ceinturon réglementaire, botte réglementaire, pistolet officiel à une certaine époque, collier et médaille d'indentification. Plus 2 officiers de la police militaire. Tous les indices pointent dans une seule direction: ce n'est pas un chauffeur d'autobus scolaire qui est tombé dans la cheminée.

Il regarde la photo avec les médailles. Cherche à lire le nom.

_ Sur la photo, ce n'est pas précis mais nous avons eu le collier entre les mains. Il s'agit d'une identification militaire.

_ Vous connaissez donc son identité?

_ Bien sûr.

_ Et vous pouvez me la révéler?

_ Bien sûr.

Le nom ne lui dit absolument rien. Ce qui déçoit les soldats.

_ Nous pensions... nous espérions que vous auriez entendu parler de cet homme. Dans le village. De la part de l'ancien propriétaire de la maison.

_ Non.

_ Nous avons d'autres photos.

_ Mais pourquoi vous intéressez-vous tant à cette vieille affaire?

Ils se regardèrent puis le regardèrent.

_ Question administrative.

_ Peu importe ce qui s'est passé ou quand. Vous ne m'avez pas dit pas plus que la police à quand remonte la mort du squelette. Mais je ne sais pas si les méthodes scientifiques actuelles se sont perfectionnées au point d'être si précis. Et il s'agit d'un accident, d'un meurtre.

_ Pourquoi parlez-vous de meurtre? Nous n'avons jamais parlé de meurtre?

_ Ni les 2 détectives de la police. Mais pour qu'autant de gens s'intéressent à ce dossier - la police, normal. Mais l'armée. Une affaire qui remonte à ... Impossible de le savoir tant qu'on n'a pas de dates. Pour qu'un corps laissé à l'extérieur soit détérioré à ce stade, il faut quelques années. 10 ans?

_ Le pistolet réglementaire date de 1940

_ Wow! Ça c'est la précision. Mais le voleur pouvait être un collectionneur. Il y a des tas d'hommes aiment les armes militaires anciennes.

_ Pourquoi parlez-vous de voleur?

_ On trouve un bonhomme dans une cheminée. Qu'est-ce qu'il faisait là? Explication possible: il pensait descendre tout en bas et entrer dans la maison par un des foyers. Mais il se trompe de cheminée. Reste coincé.

_ Explication possible. Mais ce pourrait aussi bien être un meurtre. Un homme est tué. On cherche à faire disparaître le corps. Pas de corps, pas d'indice, de preuve. Peut-être même qu'on ne s'inquiétera même pas de son absece parce que, supposons, que c'est un homme qui se déplace beaucoup. On le jette dans la cheminée. Et du point de vue de l'assassin ou dse assassins, ça a très bien fonctionné puiqu'on ne le retrouve que 70 ans plus tard.

_ 70 ans. Encore plus précis. Pour vous il ne s'agit donc pas d'un voleur collectionneur d'arme ancienne qui aime garder avec lui son porte-bonheur. Et un colt .45, ça fait des dégats.

_ Pourquoi parlez-vous de voleurs?

_ Si j'observe votre attitude et je l'observe depuis un moment

_ Et vous tirez quelle conclusion de vos observations?

_ Ma conclusion provisoire et qui pourra changer lorsque j'aurais pu faire de plus amples observations ou de meilleures explcations, c'est que vous n'avez traitez cette affaire avec plus de sérieux qu'elle ne semble mériter. Et vous ne semblez pas mépriser le crétin qui est tombé dans la cheminée.

_ Pourquoi crétin?

_ Un soldat saoul mort lors d'une permission... vous ne me direz pas qu'en tant que policier militaire que c'est la première fois que vous voyez ce genre de cas.

_ Poursuivez votre raisonnement. Et comment se serait-il retrouvé en haut de cette cheminée et ensuite en bas

_ Je ne fais qu'imaginer. Un soldat en forme, ivre, décide de monter sur le toit d'une maison. Une fois en haut, il continue à boire puis tombe dans la cheminée...

_ Il serait venu comment cet ivrogne. On n'a jamais retrouvé de véhicule.

_ On n'en a jamais cherché. On n'en a même jamais parlé ni abordé ce sujet: mais comment a t-il pu venir ici et comment pensait-il en repartir? Et d'où venait-il? Il y a le club de danseuses local qui vend de l'alcool mais je ne sais pas de quand date sa construction. Il y a toujours eu ici des vendeurs d'alcool de contrebande, des fabriquants et des salons privés où on vous vendait en toute illégalité des petits gins et autres remontants. Il y avait un chauffeur de taxe et une femme qui tenait un salon de coiffure qui ont encore une réputation légendaire même si leurs activités se sont terminées il y a bien longtemps. Les hommes aiment boire. Il y a donc quelqu'un qui va leur vendre. Et s'il ne peut acheter pour revendre, il va fabriquer. Donc, il allait où et venait d'où? Ici, les distances sont longues. Il y a 10 ans encore davantage. Et vous me parlez de 70 ans. Il n'y avait que des fermes et des champs à perte de vue. Il aurait pu venir à pieds comme tout bon marcheur, si on a le temps, on peut faire le tour du monde à pieds. Et les soldats Romains faisaient 100 kilomètres par jour avec 100 livres sur le dos. Armure, bouclier, épée, c'est pesant. Mais il aurait eu le temps de dessouler. Ou se serait endormi sous un arbre.

_ Pouvez-vous cesser de parler du soldat

Sa voix rape, il s'émotionne.

_ Mon collègue apprécierait que vous utilisiez un autre terme

_ Bon vous en savez plus que moi et vous me laisser mijoter comme un rôti de bas de palette. Vous avez compris, j'espère, que je n'en sais pas plus que la dernière fois lorsque la SQ est venu. Vous avez dû certainement avoir lu leur rapport et écouté l'enregistrement

_ Il y avait un enregistrement?

_ Les petits cachottiers. Oui, tout en prenant des notes que je n'ai pas voulu signé

_ Et pourquoi ne pas les avoir signé?

_ Je trouvais qu'ils interprétait un peu trop librement mes propos. Ou j'avais complètement oublié ce que j'avais dit - parle, parle, jase jase, vous savez, on se sent seul, on n'a pas de visite souvent et lorsqu'on a de la compagnie, par exemple, les Témoins de Jéhovah, une fois qu'ils entrent ici, ils ne sortent plus- et ne pouvait imaginer avoir dit ça, ce qui revient au même. On dit que qui traduit trahit, on pourrait dire aussi que qui note trahit autant. À moins d'être une sténo-dactylo professionnelle. J'ai refusé de signer. Et j'ai réalisé mon propre rapport. Que j'ai signé.

_ Nous l'avons aussi. Avec les photocopies de votre déclaration à la police.

_ Nuance, de l'interprétation commentée par la police de ma déclaration. Mais pas la cassette.

_ Que nous demanderons, soyez-en sûr.

_ J'écoute ce que vous me dites

_ Nous aussi écoutons ce que vous nous dites

_ Mais vous ne prenez pas beaucoup de notes. Vous ne semblez pas aussi studieux que la police.

_ Mon collègue a un calepin

_ Et vous avez notez 4 mots

_ Observateur

_ Quand il y a quelque chose à observer. Désolé pour votre voleur...

_ Ce n'est pas un voleur

Du ton: je l'ai dit et je le répète pour la dernière fois, la prochaine c'est mon poing sur la gueule.

Monsieur Dickson observe les 2 hommes en silence. Ceux-ci l'observe en silence. Le temps passe. Personne ne dit rien et aucun n'a quelque chose à dire.

Monsieur Dickson regarde sa montre.

_ Si vous voulez dîner, il y a des trucs dans le frigo. Je ne cuisine pas mais je sais faire des sandwichs. Il y a du poulet, du jambon, mayonnaise, moutarde. Bière. Café. Lait.

_ Pour une première rencontre de défrichement nous pouvons conclure que nous avons fait ensemble du bon boulot. À  lire le rapport de police et leurs observations, nous croyions que vous vous montreriez plus réticent. Sans que nous en sachions la raison. Peut-être que vous aimez emmerdez la police. Et que nous sommes des militaires. Policiers mais soldats. Et que vous avez été dans l'armée. Nous avons lu votre dossier avant de venir ici. Bon état de service. Forte tête. Meneur. Vous détestez obéir. Pourtant, on ne peut être un bon chef que si on a appris à obéir.

_ On vous le dit. Vous l'apprenez. C'est faux.

_ Et pourquoi nous dirait-on une telle chose si c'est faux?

_ Parce que ceux qui commande ont besoin que ceux à qui ils donnent des ordres obéissent. Et, les rares spécimens de ceux qui demandent une explication, on leur donne cette peluche. Il n'y a rien de nouveau. Même ici, dans la société civile dites libre, rien ne pourrait se passer comme ça se passe, sans l'obéissance naturelle de tout le monde. Et le plus beau est qu'ils se croient libre. Ils obéissent si naturellement et depuis si longtemps que c'est devenu une habitude, un mode de vie. Même plus besoin de les commander, ils font ce que vous attendez d'eux avant même que vous le suggériez.

_ Nous reviendrons si nous avons encore besoin de votre aide.

_ Et si j'ai besoin de votre aide?

Ils se tourne vers lui, yeux curieux.

_ Qui était cet homme?

Ils se regardent et concluent qu'ils peuvent répondre

_ Un héros.

_ Et j'aurais été fier de combattre sous ses ordres.

Ils s'en vont.

Ils ont parlé d'un soldat. Un soldat ne donne pas d'ordre. Et des officiers comme eux ne lui obéissent pas. Donc ce n'est pas un simple soldat. Donc. Donc. Donc un héros tombe ou est poussé dans une cheminée et... et quoi ensuite?

*

29 avril 2012. État 1

28.4.12

45. HENRY DICKSON FAIT DE LA DACTYLOGRAPHIE

Henry Dickson


Qui ne veut pas signer l'oeuvre littéraire du détecte préférant lui en laisser tout le mérite, écrit un résumé personnel de l'affaire en cours qui sera signé par lui et joint au dossier:


AFFAIRE DU SQUELETTE DANS LA CHEMINÉE


20 juin, 16 hres. Rapport dactylographié par le signataire, des événements connu par lui de l'affaire du squelette dans la cheminée.


15 avril 2012. Tempête. Bris de la cheminée.

16 avril 2012, 7 hrs. du matin. Découverte du squelette dans la cheminée en compagne du briqueteur.

Du 16 au 22 avril. Travaux divers et urgent pour réparer les dégâts de la tempête.

23 avril 2012. Appel 911. Pour informer la police de l'événement

24 avril 2012. Nouvel appel 911

20 mai 2012. Arrivée du SWAT et des techniciens.

20 juin 2012. 13 - 16 hrs. Rencontre de 2 détectives de la SQ. Présentation de diverses photos et déclaré n'avoir aucune information à leur sujet.

20 juin 2012, 16.30 hres. Fin de l'écriture du rapport devant les 2 détectives comme témoin. Et signature:

Signature:

*
27 avril 2012. État 1


44. HENRY DICKSON N'AIME PAS LA POLICE ET LES SQUELETTES DANS LES CHEMINÉES

Henry Dickson

Regarde par la fenêtre de la porte d'entrée la plaque que lui tend un des 2 hommes qui viennent de cogner à la porte et de le réveiller.

Des policiers.

L'herbe à puces et la police.

Il les fit entrer puisqu'il n'avait pas le choix. Leur dit bonjour parce qu'il était poli et qu'ils étaient 2 et armés. Même si c'étaient des détectives en habit de ville, la tradition veut qu'ils soient armés. Et puissent vous tuer en état de légitime défense.

L'un d'eux lui dit qu'ils venaient sans mandat et qu'il n'était pas obligé de répondre. S'il refusait de parler, il était libre de le faire, c'était un de ses droits en tant que citoyen honnête ou non (pour le moment, ils ne savaient pas encore à qui ou quoi ils avaient affaire) de refuser de parler.

Dans ce cas, poursuvit l'autre. Nous reviendrons avec un mandat d'un juge et nous perquisitionneront votre maison. Et nous vous amèneront menotté au poste de police pour vous interroger. Encore là, vous aurez le droit de refuser de répondre ou de ne parler qu'en présence de votre avocat. Mais nous aurons le droit de vous retenir en cellule 24 heures, le temps de vous faire réfléchir. Et si nous n'avons rien contre vous, nous vous remettrons en liberté. Puis, nous reviendrons chez-vous avec un second mandat pour...

Des gens disent qu'ils aimeraient connaître leur avenir mais, au fond, quand on y pense, ce n'est pas si intéressant que ça. L'avenir de la plupart des gens est sinistre. Et ils meurent tous à la fin. Ce qui enlève toute surprise au film. Et même les meilleurs. Ce qui n'est vraiment pas juste.

Il les fit asseoir à la grande table. Lui, s'assit de l'autre côté. 2 contre 1.

On lui apprit qu'on reprenait l'enquête au sujet du squelette dans la cheminée. Comme il était le principal témoin...

ll fit remarquer qu'il y en avait un autre

On lui répondit qu'on venait de prendre la déposition du briqueteur qui l'incriminait...

Il répondit que c'était bien essayé mais qu'il en doutait. Comme il croyait à la bonté des hommes et du genre humain, il ne croyait pas qu'une telle injustice soit possible. Non qu'il soit un ami ou un parent de l'artisan mais ils avaient eu, jusqu'à présent, de bonnes (professionnelles) relations.

_ Vous auriez pu téléphoner, j'ai le téléphone. Un seul. Ce qui vous aurait éviter de vous déplacer.

_ Vous avez raison. Mais nous aimons poser des questions et entendre de vive voix les réponses. Et regarder la personne qui répond. Suivre ses réactions.

_ Nous aurions pu vous demander de venir au poste. Nous avons une salle d'interrogatoire très confortable.

_ Je n'en doute pas.

Le détective lui demanda s'il pouvait enregistrer la conversation ou s'il préférait venir au poste, dans la salle d'interrogatoire, où ils seraient enregistrés et filmés.

_ Ce qui nous évite, lors du procès, les accusation de pression indue, menace ou coups sur les témoins et suspects. On dit tant de choses de la police.

_ Ce n'est certainement pas moi qui vous blâmera d'user de ces précautions élémentaires. Il y a tant de gens sournois capables de dire n'importe quoi.

Un détective ouvrit sa mallette et en sortit un dossier. Il ouvrit la chemise et en sépara quelques photos qu'il glissa vers lui. 

_ Si vous voulez examiner ces photos.

_ J'examine.

Monsieur Dickson examina et garde ses idées pour lui. 

_ Ces photos concerne l'affaire... Le numéro n'est pas important. Nous dirons, comme tout le monde, le squelette dans la cheminée.

Il parla au magnétophone et lui dit la date (jour, mois, année) et le jour (en lettres) et le sujet de la conversation du jour. Avec les noms des personnes en présence. Les 2 détectices de la SQ et lui, principal suspect ou témoin de l'affaire. Le qualificatif idéal étant encore vague pour le moment.

Pendant ce temps, monsieur Dickson examinait les photos.

Une photo de crâne. Probablement celle du squelette.

Une photo d'arme à feu.

Une photo d'une botte

Une photo de la maison avec les techniciens en scène de crime sur le soit, le camion de pompier et sa grande échelle allongée sur le toit, la cheminée et un autre pompier.

_ Nous allons commencer par l'exhibit numéro 1

Il désigna la photo du crâne

_ Reconnaissez-vous ceci?

_ Non. Si c'est le squelette, c'est la première fois que je le vois de si près. Comme je l'ai déjà dit aux techniciens qui sont venus avant vous et m'ont déjà interviewé - vous avez sans doute lu leur rapport- je n'ai vu le squelette qu'une fois. Lorsque j'étais sur le toit avec le briqueteur qui évaluait les dégâts de l'orage. En passant, à cause de l'enquête, la cheminée n'est pas encore réparée. C'est lui qui a descendu une lampe en bas de la cheminée pour voir s'il n'y avait pas d'autres dégâts, craquelures, fissures. Et il a cru voir quelque chose de bizarre. Il est allé chercher une sorte de mini-caméra avec un film et l'a descendu. C'est là qu'il a cru voir. On ne voyait pas grand chose. L'image n'était pas bonne. Et si ça avait l'air d'un squelette, c'était entouré de déchêts.

Si vous me dites que c'est une photo du crâne du squelette, je vous crois mais je n'en ai aucune idée. Homme ou femme?

_ Ici, c'est nous qui posons des questions.

_ Vous ne pouvez même pas me dire le sexe; j'imagine que vous ne voudrez pas me dire le nom...

_ Nous sommes ici pour recueillir des informations et non pour en donner.

_ Alors, tout ce que je peux dire et voir, c'est que c'est un crâne. Je ne sais même pas s'il est réel ou non.

_ Vous n'avez pas vu le squelette lorsqu'on l'a retiré de la cheminée

_ J'imagine que vous avez été informé du cafouillage de cette journée. Les crétins du SWAT on failli me tuer parce qu'ils se sont trompés d'adressse. Ensuite, je n'ai pas trop voulu m'en mêler. Il y avait déjà suffisamment de gens sur le toit.

_ Vous tenez à ce que le mot «crétin» figure dans le rappor

_ Vous préféreriez «abrutis».

_ Nous écrivons ce que vous nous dites.

Et il écrivait en effet à la main au stylo sur les pages lignées format papier à lettre.

_ Si vous aviez aviez été menotté, eu une botte sur la tête et été visé par des armes à feu que diriezv-vous?

_ Ce n'est pas de nous qu'il s'agit mais de vous.

_ Le terme «abrutis» me paraît précis.

_ Nous enregistrons aussi tout ce que vous nous dites. Une secrétaire transcrira le tout.

_ Alors vous n'avez pas à vous donner tout ce mal pour noter à la main...

_ Je note ce que vous me dites et mon interprétation de ce que vous me dites. Vos tics.

_ Si c'est ce tout ce que vous avez à nous dire au sujet de la première photo, passons à la suivante.

Il mis le doigt sur la photo de l'arme. Un colt 45 standart rouillé.

_ Une arme à feu.

_ Avez-vous déjà vu cette arme?

_ Non. D'où vient-elle?

_ Elle était aussi au fond de la cheminée. Après avoir recueilli les cendre avec l'aspirateur, ils ont fouillé le fond avec un aimant très puissant au bout d'une corde et receuilli des tas de petits objets.

_ Le squelette était armé. Une des explications possible est que c'était un voleur...

_ Il est encore trop tôt pour arriver à cette conclusion.

Ensuite, ce fut la photo de la bottes. Mystère total. Puis une photo de quelque chose qui avait l'air d'une boucle de ceinture...

_ Vous n'en savez pas plus.

_ Vous en savez probablement plus que moi. Et puisque vous ne voulez rien me dire, je ne suis pas prêt de connaître le fin fond de cette histoire. On oublie que ce mort est mort chez moi.

_ Nous ne l'oublions pas. Depuis combien de temps habitez-vous cette maison?

_ 6 mois.

_ Et avant?

_ Où j'habitais avant?

_ Non. Nous le savons déjà. Mais savez-vous qui était dans cette maison avant?

_ En parlant avec le vendeur, celui-ci m'a dit qu'il l'avait habité 2 ans. Et, celui à qui il l'avait achetée, 3 ans. Mais il n'en savait pas plus.

_ Vous avez son adresse?

_ Celle de mon vendeur mais pas celle du sien. Il faudra lui demander.

_ Donc, la victime est là depuis un moment et il faudra retrouver la chaîne de tous les propriétaires et leurs notaires pour savoir qui était là au moment de l'événement. Nous ne pouvons pas dire accident ou crime.

_ Pendant que nous étions place nous avons fait une enquête de voisinage à votre sujet, la routine

_ Ben oui!

_ Vous êtes connu de vos voisins, avez une bonne répution parmi eux et les commerçants de la ville y compris à la Caisse Populaire où vous avez un compte, vous n'avez pas de dette ou vous les payez. Vous payez vos taxes. Pas de dossier judiciaire. Même pas de contravention.

_ Je suis un citoyen et un conducteur exemplaire. On devrait faire un message avec moi.

_ Alors pourquoi le maire vous a t-il désigné comme une sorte de fauteur de trouble? Vous savez qu'il est ensuite décédé dans des circonstances que nous désignerons prudamment comme trouble?

_ Si je le sais! J'étais là. Comme par hasard. À la cérémonie du machin. Comme tout le monde j'avais vu des travaux et je pensais qu'on allait réparer l'égoût fluvial qui déborde à tous les printemps. Ça fait une énorme flaque dans la rue. Et ça gèle. C'est un tue monde pour les piétons et les automobilistes. Encore l'année dernière, 3 personnes âgées ont glissés et sont cassées ou la cheville ou le col du fémur.

_ Si je comprend bien, le maire avait quelques ennemis.

_ Le maire avait une façon bien personnelle de se servir des finances municipales. Disons que la moitié du village le détestait et l'autre moitié lui mangeait dans la main. On aime bien les hommes forts et qui gueulent.

_ Mais pourquoi parler de vous?

_ Il m'a vu. Je suis toujours poli. Les personnes âgées qui sont avec leurs petits fils me donnent en exemple: voilà un homme poli, prend exemple sur lui. Mais je ne sais pas pourquoi, il ne m'aime pas. On dit qu'il voulait cette maison. On dit tant de choses. Elle était à vendre depuis des années, il n'avait qu'à l'acheter. Ce n'est que par hasard, en passant par ici que j'ai vu le panneau à vendre! Peut-être est-ce une attirance sexuelle inavouée. Mais le sujet de notre différend ce jour-là, en fait, de sa montée de lait, ne me concernait pas directement. C'était son nouvau projet qui ne passait pas. Le suppositoire entrait mal et il fallait trop forcer. Il a commencé à recevoir des tomates. C'est la première fois qu'il reçoit des tomates. Ses neurones ont commencé à griller. Il ne pouvait pas croire que ça venait de ses bons concitoyens. Il a toute suite mis la faute sur les étrangers. Dont moi. Puisque j'étais là.

_ C'est tout?

_ Ce n'est pas tout. Ses neurones étant au BBQ, il a poursuivi en parlant des Talibans qui viendraient mettre des bombes ici. Puis des Juifs. Il a dit quelque chose comme: on dit qu'il en est mort 6 millions, pourtant il y en a encore partout, on dirait des coquerelles. 6 millions, ce n'est pas assez!

_ Charmant.

_ Ensuite, il a accusé la seule conseillère de l'opposition d'être une putain.

_ Nous ne connaissions pas tous ces détails.

_ Et encore, je ne suis pas resté jusqu'au bout. On m'a raconté le reste. Je n'allais tout de même pas l'engueuler parce qu'il me traite de maudit étranger, de voleurs de maison, de proxénète et de chien d'anglais. Et la femme dont je viens de vous parler est la présidente du club des Fermières, son mari chef des marguillers, membre de la Société Saint Jean Baptiste.

_ C'est à ce moment que ses conseillers qui étaient présents pour partager ses lauriers se sont fait casser la gueule. Ce qui lui serait arrivé à lui-aussi s'il n'avait pas filé.

_ Donc vous déduisez...

_ Je ne déduit rien. C'est votre job. Mais lorsqu'un homme a autant d'ennemis et sait les multiplier encore, il arrive un jour...

_ Pas tout le temps.

_ Les suspects? La moitié du village. Et l'ancien maire. Et celui qui s'est présenté contre lui et qui aurait été élu s'il n'y avait pas eu d'irrégularité lors de l'élection. C'est ce qu'on dit.

_ Et on dit autre chose?

_ Oh que oui! Vous en avez pour le reste du mois.

_ Pour vous la fin tragique du maire est...

_ Bon débarras! Comme vous diront la plupart des gens.

_ Cette déclaration pourrait vous faire mettre dans la liste des suspects.

_ Avec la moitié du village.

_ Et le jour ou le soir de sa mort, vous étiez

_ Comme on voit à la tv quand il y a ce genre de chose et que la police interroge le chef de la Mafia: Il jouait aux cartes avec des amis. Et, moi aussi, je jouais aux cartes avec, peut-êre pas des amis, mais de bons compagnons joueurs de cartes.

_ Toute la nuit?

_ Oui. Mieux. À la maison. Elle est grande et il y a la place. Et c'est au matin, lorsque nous terminions la dernière partie qu'un employé d'un des joueurs est venu nous apprendre la nouvelle.

_ Et la réaction des autres joueurs?

_ Comme la mienne. Ils étaient fous de joie. Et on a fêté ça. Si vous aviez été là, vous auriez pu leur donner à tous des contraventions pour conduite en état d'ébriété.

_ Vous savez que tout ce que vous dites est enregistré et que je note aussi.

_ Enregistrez et notez!

_ Vos explications me semblent logiques. Pour ce qui est de la morale... Nous les ajoutons aux autres explications concernant le dossier du maire dont nous nous occupons aussi. En haut lieu, on veut que ça se règle rapidement. Compenez, un maire. Si les gens commencent à régler eux-mêmes le cas des maires parce que le Ministères des Affaires Muncipales dort sur la switch. Revenons à ce qui nous a amené ici: Une chose que nous aimerions mettre enfin au clair: pourquoi avez vous attendu tant de temps avant de prévenir la police?

_ Je vais essayer de mettre au clair les dates. Il y a eu la tempête du 15 avril...

_ Vous êtes sûr?

_ Depuis des jours, on ne cessait de parler du Titanic dans tous les médias. Et, au moment de son naufrage, le 15, il y a cette tempête. Il est difficile d'oublier. Des tas d'arbres sont tombés partout. Ici, aussi. Quelques-uns. Et il y a eu des bruits sur le toit. Le lendemain, je suis monté avec le briqueteur local pour examiner les dégâts. Le 16. Un lundi. La tempête a eu lieu un dimanche et impossible de trouver de la main d'oeuvre ce jour-là. Le lundi, le 16, c'est là qu'on a vu..

Il regardait ses notes.

_ Et vous n'avez appelé la police que le 23

_ Il y a eu le dégâts à réparer. L'assureur à prévenir. L'électricien. L'émondeur. On n'a pas eu trop de temps de libre cette semaine.

_ Mais vous ne trouviez pas ça urgent? Le cadavre dans votre cheminée?

_ Où vouliez-vous qu'il aille? Il était là depuis... Je ne sais pas. Disons des années...

_ Qu'est-ce qui vous fait dire ça?

_ Un corps ne devient pas un squelette instantanément. Je ne sais pas combien de temps il faut pour qu'un corps se momifie ou ... Votre médecin-légiste le sait plus que moi. Quand j'ai pu faire le plus urgent, j'ai téléphoné. Pour ce que ça a donné.

_ Que voulez-vous dire?

_ Un instant, je prend mon agenda. Téléphone à la police, lundi 23 mars à 9 h. du matin. Comme je n'avais pas de nouvelle, j'ai rappelé le lendemain, le 24. J'ai résumé l'affaire. On m'a dit que le dossier était entre les mains des spécialsites souvait son cours.

_ Et qu'avez-vous fait?

_ Rien.

_ Je rénove la maison. Il y a des tas de choses à faire, à décider. J'étais dans la maison et l'autre était dans sa cheminée. Je n'ai pas vérifié s'il y était encore mais j'ai supposé. J'ai reçu des appels du briqueteurs qui avaient acheté et reçu les briques de remplacement et qui attendait de commencer le travail. Je lui ai dit qu'on ne pouvait rien faire sans l'arrivée de la police.

_ Vous n'étiez pas pressé?

_ Pas que moi. La police est finalement arrivé, pas plus pressée que moi, dans les circonstances que j'ai raconté au début, 1 mois plus tard. Le 20 mai. Un beau cafouillage. Et vous voilà, 1 mois plus tard, le 20 juin.

_ Nous faites-vous des reproches?

_ Vous devez avoir pas mal de dossiers sur le feu. Mais c'est vous qui me reprochiez de ne pas avoir été rapide...

_ Avez-vous quelque chose de plus à nous dire sur cette affaire même si nous ne vous avons pas posé de question à ce sujet?

_ Non.

_ Alors, dernière question: connaissez-vous le nom de l'homme...

_ Donc c'était un homme?

_ C'est un élément de l'affaire qui pourrait vous être utile dans votre réflexion. Avez-vous déjà entendu parler d'un homme qui aurait été vu ici, serait disparu, ou qu'une légende ou des rumeurs ou des racontards aurait associé à une cheminée, une mort dans une cheminée...

Comme il n'en savais pas plus, il lui tendit son rapport constitué de plusieurs pages manuscrites écrite au bic bleu pour qu'il le signe. Mais il voulait le lire avant.

_ Je ne signe jamais quelque chose que je ne lis pas. Je n'ai pas de carte de crédit parce qu'il y a des pages et des pages de petits caractères illisibles et incompréhensibles dans le contrat. On s'engage à faire des choses dont on ne sait rien. Si jamais je veux une carte de crédit, j'engagerai un avocat pour lire à ma place.

De mauvais gré, il lui tendit son rapport.

_ On dirait que vous n'avez pas confiance en nous?

_ Ah ouin! Vous signez des choses sans les lire...

_ Jamais...

_ Ben moi non plus! Et je commence la page 1 et il y a déjà des choses avec lesquelles je ne suis pas d'accord.

_ Le magnétophone a enregistré et continue à enregistrer toute notre conversation.

_ Mais il n'écrit pas. Je n'ai jamais dit ce qu'il y a au paragraphe 2.

Il reprit son rapport.

_ J'ai transcrit ce que vous m'avez dicté.

_ J'en doute. Parce que ce n'est pas comme ça que ça s'est passé. C'est votre interprétation de ce que j'ai dit.

_ Vous croyez que je me suis trompé?

_ Vous êtes comme un critique littéraire qui commente un film. Vous avez parfaitement le droit d'avoir vos idées, de commenter. Mais en tant qu'auteur du film, j'ai le droit d'être en désaccord. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Et certainement pas ce que j'ai dit. Et, encore là, paragraphe 3. Vous avez beaucoup d'opinion. Vous dites que j'hésite. Semblez sous-entendre que je cherche à inventer un mensonge. Je dis que j'ai pensé. Nuance.

_ Vous ne signerez pas!

_ Jamais. Je ne lirai même pas les pages suivantes. Si je me fie au texte des 2 premiers paragraphes, on en a pour la journée. Je ne vois pas commencer à annoter chaque page. Signez les si vous voulez. Après tout, c'est votre oeuvre. C'est votre compte-rendu de ce que vous pensé avoir vu et entendu. C'est bien comme ça. Et vous avez la cassette sonore de notre conversation.

_ Ce n'est pas suffisant.

_ Vous avez vos habitudes. On a 2 choix. J'appelle mon avocat qui va relire chaque ligne de votre rapport. Vous lui enverrez une photocopie. Il y mettra ses notes. Il y mettra un mois s'il le faut. Ou je vais faire une bonne action. Comme je tiens comme vous à ce que cette affaire se règle. À condition que vous me teniez au courant. Et je veux en savoir plus. Par exemple le nom. Et ce qu'il faisait là. Mon avocat me déconseillerais de faire ce que je vais faire mais je vous propose de faire mon propre rapport. Les points essentiels de ce que je vous ai dit. Je le signerai. Mais je ne signerai jamais votre texte. C'est votre oeuvre. Je vous en laisse tout le mérite. À vous de voir.

_ Nous pourrions vous convoquer au poste et...

_ Cette fois, j'enverrais mon avocat qui me dira que j'ai le droit de garder le silence et qui viendra avec moi pour répondre à ma place. Comme il ne sait rien de l'affaire, ça promet d'être plaisant. À chacune de vos questions, il vous lira un point de droit qui vous empêche de me poser cette question. Il est très bon et très cher et je l'aime beaucoup et il m'aime beaucoup parce que je le paie bien. Vous avez vraiment envie d'être encore sur ce dossier l'année prochaine.

Ils se regardèrent et réfléchirent en silence en se regardant.

Si on avait été en Amérique du Sud, ils m'auraient sauté dessus pour me casser la gueule. Accusé ensuite d'avoir résisté à mon arrestation et attaqué des agents. Et le juge m'aurait envoyé en prison 5 ans, le temps que l'affaire arrive enfin au stade du procès. Et j'aurais eu 20 ans de prison. Dépendant du fait si j'avais avoué à force de coups de pieds dans le couilles et de pisser du sang. Ou si je n'avais rien avoué même avec une scepticémie causé par le foie et la rate bousillé. Il ne faudrait pas compter sur l'intervention de l'ambassade Canadienne qui ne protège que les grosses perruches.

Ou ils m'auraient tué tout de suite. Parce que j'aurais attenté à leur honneur de mec en uniforme. Si j'étais une femme dans la même situation, ils m'auraient enculé avant.

Parce qu'on n'était pas en Amérique du Sud et que je n'étais pas un pauvre voyou de base qu'on peut brasser un peu, ils conclurent que je pouvais écrire ce que je voulais puisque de toute façon tout ce que je pourrais dire ou écrire pourrait être retenu contre moi. Et il y avait déja une mini-cassette de 90 minutes pleines d'aveux possibles. Tout dépendant de l'ardeur de l'avocat de la couronne.

*

27 avril 2012. État 1