Jeudi 15 mai 2014. 1 heure du matin
Monsieur Dickson se trouvait dans une sorte de cube de béton fermé au milieu du sous-sol. Il y avait des portes qui menait ailleurs.
Il y avait des posters sur les murs montrant des choses.
Des femmes.
Des femmes torturées.
Abject.
Au centre de la pièce, un fauteuil de fer avec des courroies de cuir.
Des lampes puissantes.
Pour la caméra. Pour bien voir, bien filmer, bien enregistrer.
Sur les murs des outils et des lames. Des instruments adéquats.
Il avait déjà vu ceci.
Ailleurs.
Et sur un mur, des étagères remplies de films. Des vidéos de l'époque où on n'avait que ça pour filmer. Puis des boitiers plus minces pour les DVD ou les CD Rom. Et de petits étuits pour les cartes mémoire.
Depuis des années, cet homme s'adonnait à son art.
Et il y avait dans un coin d'un autre mur, une rangée de cages où étaient empilés des femmes vivantes.
Il y avait l'odeur d'étable.
Mais le fumier d'humains est différent de celui des poulaillers, porcheries, étables à vache ou à chevaux.
L'urine.
Tout ce petit monde pissait et chiait les uns sur les autres.
Et elles avaient été savamment dressées pour ne pas se lamenter et tout supporter.
D'où le silence.
Elles étaient nues et sales, puantes.
Blessées.
Il n'y en avait pas une à qui il manquait un membre ou un sein.
Il aimait couper et faire souffrir.
Il avait déjà vu ça.
Les plaies puaient.
Tout était infecté.
L'odeur d'urine et de poissons mort.
Il y avait des os qui sortaient des moignons des bras ou des bouts de doigts coupés.
Certaines avaient eu les yeux crevés.
Ou un seul oeil.
Et il avait probablement tout enregistré.
Il n'y avait aucune femme nouvelle, aucune qui ne fut irrémédiablement endommagée. Donc aucune victime récente.
Ce qui le rassura un peu au sujet de la petite blonde. Il y avait déjà un moment qu'elle était disparu ou parti ou voyageait.
Mais elle n'était pas là.
Quelque chose avait empêché l'homme de renouveler son stock.
Tant de femmes étaient disparues. Elles n'étaient pas toutes ici.
Il les regarda.
Elles le regardaient. Celles qui pouvaient regarder et voir.
Hébétées.
Ne demandant aucune aide.
N'attendant rien.
Certaines mourantes.
Des chocs et des opérations reçues.
Et de l'explosion des grenades.
Mais ceci ne semblait pas les surprendre.
On s'habitue à tout probablement.
Peut-être qu'au début, elles espéraient, suppliaient, espéraient tout.
Et lui se servait avec amusement de cette volonté de survivre.
Jusqu'à ce qu'il s'en fatigue.
Elles ne souffraient plus aussi bien. Résignées à tout.
Et des femmes qui le fatiguait, il avait aussi prévu le sort.
Il y avait 3 barils de plastique noir bien suffisant pour contenir chacun 1 ou 2 femmes. Le reste était rempli de gros sel qui absorbait tout. Elles pouvaient donc se décomposer sans incommoder personne.
Il y avait un vieux visage. Un pied. Une main comme sorti des sables mouvants blancs.
Il fit le tour des cages. Passa en revue les femmes à peu près vivantes.
Il tenait toujours son pistolet à la main et les abattit les unes après les autres.
*
État 1. 14 mai 2014.
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Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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