La petite blonde sortait de la boutique de BD avec son petit paquet sous le bras.
Elle était heureuse ayant fait une trouvaille intéressante.
Elle était confuse. Qu'est-ce qui lui avait pris de tomber dans les pommes comme ça?
Est-ce qu'elle était enceinte ?
Monsieur Dickson n'aimerait pas ça. Selon lui, il y avait suffisamment d'humains sur cette planète. Et il fallait se calmer un peu. On avait autant besoin d'un bébé de plus que d'un mouton à 5 pattes avec la patte dans le dos. Mais si elle y tenait, libre à elle. La fidélité àlavieàlamort, était un concept petitbourgeois. Et les bébés étaient un problème féminin.
Si les femmes sont programmées pour enfanter et couvrir la Terre de bébés, libres à elle. Il ne tenait pas à la survie de l'humanité. Et ce ne sont pas les hommes ou les banques de spermes qui manquent pour combler le besoin de maternité des femelles souffrantes.
Dans n'importe quel bar, il y avait un tas de mâles, plus ou moins frais, venus chercher de la peau, baiser, sauter, fourrer, beurrer, troller. Comme les pêcheurs au lancer attrapent du saumon. On choisira le concept et son idéation selon son niveau de tolérance.
De toute façon, bientôt, il y aura 8 milliards d'humains. Il y en a déjà 7. Dans une génération ou 2, 10 milliards. Ensuite, on se lancera à la chasse aux humains. Si les bourgeois veulent profiter de leur confort, il leur faudra faire du ménage dans le vivier à humain qui ne cessent de consommer, de polluer. Les ressources de la Terre ne sont pas infinie. Selon les spécialistes non humaniste ou post-humaniste, il y a 5 milliards d'humains de trop. Il y avait. C'était il y a une génération ou 2. Avec 1 milliard d'humains, les riches pourront s'en tirer pour un autre siècle. Il y a eu le premier milliard lors de la révolution industrielle (l'esclavage des ouvriers qui a remplacé l'esclavage des noirs devenus intolérable socialement et trop coûteux - financièrement, intellectuellement, sentimentalement: quoi faire des vieux nègres. Et des nègres infirmes et malades. On ne pouvait plus abattre avec cette simplicité intellectuelle centenaire. Les hommes devenaient compliqués. L'exploitation des hommes «libres» en surnombre - encore une fois, les femmes pauvres s'entêtant à se reproduire indéfiniment - devenait un concept présentable. À condition de ne pas l'analyser de trop près. Les communistes qui l'avaient fait avaient voulu remédier à ce problème. Mais dans le Tiers-Monde ou les sociétés médiévales comme la Russie où ils étaient sûr d'échouer. Le problème restait. Les riches refusaient de cesser de piller. Même s'il y aurait eu assez d'$ pour tout le monde. Partager la richesse ou la pauvreté ? On se retrouvait face au même jeu 100 ans plus tard. Les plus prudents, pensaient que diminuer les humains au niveau 1850. Grossomodo, 500 millions. Avec des chevaux. Renoncer au progrès. Pendant 10 000 ans, l'humanité avait très bien survécu. Elle pourrait prospérer jusqu'à ce que le soleil se refroidisse dans 4 milliards d'années. Pour résoudre le problème des nègres en trop, il faudrait encourager les mangeurs inutiles à s'entretuer. Ce qu'on avait très bien réussi à faire lors des 2 guerres mondiales du siècle précédent. Une bonne publicité. Une bonne information. Des journalistes aussi motivés à servir que d'habitude. Un tas de curés. 10 ans suffiraient.
Le dicton était toujours bon: le survivaliste qui oublie son tire-bouchon et son ouvre-boite mérite de crever.
Alors les femmes et leurs désirs de bébé.
Des bébés, il y en a partout. Suffit de se promener en ville et de regarder qui marche sur les trottoirs qui encombrent les rues dans leurs autos polluantes. Tous adultes, tous ex-bébés. Pas très élégants. Peu motivant pour la femme.
Si comme d'autres femmes, elle «oubliait» sa pilule. Et lui faisait une «surprise» = coucou chéri, je suis enceinte! Tu ne m'en veux pas !? Il l'étranglerait.
Toutes idées de lui.
À prendre ou à laisser.
Et, de son point de vue, il y avait assez d'orpheline dans sa famille. Une de plus. Pas question.
Et quelle idée de faire un bébé à 20 ans lorsqu'on est sur le point de mourir.
Quoique 20 soit un peu jeune. Parfois, elle se désolait de cette fatalité. À d'autres moments, elle redevenait philosophe. Elle n'avait jamais rien décidé de sa vie. Les choses arrivent. C'est comme ça. Et ce n'est pas aujourd'hui, que ça allait commencer.
La question principale demeurait: Quand allait-elle mourir ?
Question secondaire: Quelle date ?
Question subsidiaire: Comment ?
Elle espérait donc que ça ne fasse pas trop mal.
*
État 1. 17 avril 2014
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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