Ce jour-là, il fit une erreur.
*
20 avril 2013. État 1.
Il y a des gens qui font des sudokus, du scrabble, des mots croisés ou participent à des pools de hockey pour se désennuyer. Je bois mon thé et je fais un quart d'heure de géopolitique. Et, en attendant la prochaine guerre mondiale - aujourd'hui, mardi 3 février 2015, il n'y a pas encore de guerre mondiale - j'écris des histoires de fantômes.
HISTOIRES DE FANTÔMES
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Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.
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20.4.13
17.4.13
335.31. DÉGUSTER UN SMOOTIES EN REGARDANT LA CRUCIFIXION DE JÉSUS
Henry Dickson vieillissait et s'endormit pendant le voyage du retour. La petite blonde connaissait le chemin et conduisait bien.
Pendant ce temps, l'homme seul regardait le tableau. Si intensément qu'il aurait pu entrer dedans.
Comme s'il rêvait.
Comme s'il se souvenait.
On aurait pu croire.
Pendant ce temps, il y a très longtemps, le sénateur Cassius regardait le rabbin juif Jésus, nu, sale, vieux, difficile de dire son âge ou l'âge de son corps sous tous les sillons des fouets aux crocs et billes d'acier, en dessous de tout ce sang car il était vraiment recouvert de sang, là, crucifié sur sa croix, tout en mangeant de la glace au fraise que lui avait apporté une de ses esclaves.
Dans une terre infirme, sauvage et non civilisée du bout du monde, avoir de la glace était un privilège rare. Il fallait l'amener de bien loin. On en perdait en eau la plupart mais il en restait assez pour la broyer en cristaux que l'on mélangeait avec un sirop sucré. Les fraises étaient rares. Mais il avait exigé des fraises. Et il savait comment être obéi et satisfait.
Avoir envie de quelque chose était un ordre. Le but d'une vie pour ses serviteurs.
Que des gens soient morts pour cette glace, pour couler ce gobelet de verre, pour ces fraises, n'avaient aucune importance. Il avait alors accompli leur destin. Sans importance. De la naissance à la mort. Et jeté ensuite. Sans avenir ni dans leur vie ni après leur mort. Si facilement remplaçables. Combien avait-il de ces êtres? Hommes, femmes, enfants. Des milliers, peut-être. Il ne savait pas. C'était le rôle de ses affranchis de savoir ce genre de chose.
Combien y en avait-il sur sa galère personnelle? Une trirème. Assez pour le nombre de rame disponibles. 3 par rame.
Combien était mort lors de l'allée? Combien au retour?
Il aimait la vitesse. Et aimait que son navire aille au bout de ses possibilités. Peu importe le coût. Comme pour ses attelages. Un cheval mort. Un autre vivant. Un cheval mort.
On jetait le rameur défaillait à la mer. Mort. É;uisé. Blessé. Il était incapable de remplir son rôle, la seule chose qui le maintenait en vie. Qui justifiait sa survie, sa nourriture.
Bon pour les requins, lorsqu'il y avait des requins. Qui suivait le navire comme les goélands, sachant qu'on y ferait un bon repas. Sur le pont. Avec les restes. Ou dans l'eau.
Quand tout ceci serait fini, il retournerait à Rome où son destin l'attendait.
Il était ambitieux et Rome aimait les hommes de caractère que rien n'arrêtait.
L'avenir lui appartenait. Il suffirait de pousser les portes pour qu'elles s'ouvrent. Comme il suffisait de forcer les femmes pour qu'elles ouvrent les jambes.
Après tout, toutes les femmes du monde sont nées esclaves. Et appartenaient de ce fait à tout homme qui en voudraient. C'était leur destin. Elles n'avaient qu'à ne pas naître. Ou ne pas naître femme. Ou à cesser de vivre. Mais comme tous les esclaves, elles avaient peur de la mort. Et préféraient tout endurer plutôt que de périr. Tant pis pour elle. Leur faiblesse n'attirait que mépris. Dans sa maison, quand l'envie lui en prenait, il attrappait celle qui passait, elle n'avait que le temps de déposer son plateau, et il la prenait là où il était. Ou lui disait de faire ce qui lui plaisait à ce moment. De prendre la position qui l'amusait. Elle aurait pu être une roche. Et il aurait pu collectionner les roches.
Comme on se penche pour cueillir une roche brillante.
La force et la volonté menait à tout.
Et le destin l'avait mené là.
Il y avait plein de monde autour. Beaucoup d'esclaves Juifs bien content de le voir enfin humilié. C'était un beau spectacle. À chaque exécution, la foule ne manquait pas. Et le Romains savaient comment terrifier et amuser. Mieux valait que ce soit les voleurs et les traîtres qu'on élevait ainsi plutôt qu'eux.
Des tas de prêtres de leur secte, contents de voir ainsi périr un concurrent.
Quelques femmes. Folles ou qui n'avaient peur de rien. Pleuraient.
Il y avait peu de Romains. À part les soldats qui surveillaient la foule du bout de leurs lances. Les hébreux étant du genre à s'exciter facilement. Il fallait régulièrement en tuer un certain nombre.
Mais il était préférable, du point de vue politique, d'en élever quelques-uns au bout des bois afin qu'ils soient bien visibles pour tous.
Voilà ce qui arrive si vous défiez Rome.
Voilà ce qui arrive même si vous ne défiez pas Rome mais faites l'erreur de trouber la paix publique.
Rome avait peu de patience.
Le sénateur Romain était là, non pour s'assurer que la cérémie politique se passe conformément à la tradition: peur, cris, pleurs, appel à l'aide, supplication, pisse et merde qui coule le long de la poutre avec le sang. Il y avait des fonctionnaires de rang inférieur chargé de cette besogne.
La chaleur attirait les mouches. Le sang aussi. Et la mort.
Le sénateur était là pour des raisons personnelles. Et pour s'amuser un peu. Comme lorsqu'il était à Rome et qu'il allait au Cirque voir des condamnés brûlés, éventrés ou traités selon la fantaisie des bourreaux et des commanditaires.
La paix Romaine avait besoin de ces moments d'extases publiques où la foule communaient avec la puissance de sa loix. Voilà ce qui arrivait aux ennemis de Rome.
Hommes. Femmes. Enfants. Animaux. Choses. Dieux ennemis.
Le sénateur savourait le spectacle en connaisseur.
Ce jour-là, on avait crucifié de nombreux bandits, exaltés et terroristes. La plupart mourait comme ils avaient vécus. C'est-à-dire, en sous-hommes, en inférieurs, en esclaves. Pas en Romain.
Il n'y avait que celui-là, ce Jésus, qu'il connaissait bien, qui savait mourir.
Il éleva sa coupe de verre glacée vers le mourant sur sa croix, comme pour lui souhaiter bonne chance. Ou le saluer.
Il but du liquide glacé à sa santé.
Et il lui dit:
_ Si tu peux sauter de ta croix, ne te gène pas. Sinon, bonne chance en Enfer!
*
17,20 avril 2013. État 1
Mort. 1
Pendant ce temps, l'homme seul regardait le tableau. Si intensément qu'il aurait pu entrer dedans.
Comme s'il rêvait.
Comme s'il se souvenait.
On aurait pu croire.
Pendant ce temps, il y a très longtemps, le sénateur Cassius regardait le rabbin juif Jésus, nu, sale, vieux, difficile de dire son âge ou l'âge de son corps sous tous les sillons des fouets aux crocs et billes d'acier, en dessous de tout ce sang car il était vraiment recouvert de sang, là, crucifié sur sa croix, tout en mangeant de la glace au fraise que lui avait apporté une de ses esclaves.
Dans une terre infirme, sauvage et non civilisée du bout du monde, avoir de la glace était un privilège rare. Il fallait l'amener de bien loin. On en perdait en eau la plupart mais il en restait assez pour la broyer en cristaux que l'on mélangeait avec un sirop sucré. Les fraises étaient rares. Mais il avait exigé des fraises. Et il savait comment être obéi et satisfait.
Avoir envie de quelque chose était un ordre. Le but d'une vie pour ses serviteurs.
Que des gens soient morts pour cette glace, pour couler ce gobelet de verre, pour ces fraises, n'avaient aucune importance. Il avait alors accompli leur destin. Sans importance. De la naissance à la mort. Et jeté ensuite. Sans avenir ni dans leur vie ni après leur mort. Si facilement remplaçables. Combien avait-il de ces êtres? Hommes, femmes, enfants. Des milliers, peut-être. Il ne savait pas. C'était le rôle de ses affranchis de savoir ce genre de chose.
Combien y en avait-il sur sa galère personnelle? Une trirème. Assez pour le nombre de rame disponibles. 3 par rame.
Combien était mort lors de l'allée? Combien au retour?
Il aimait la vitesse. Et aimait que son navire aille au bout de ses possibilités. Peu importe le coût. Comme pour ses attelages. Un cheval mort. Un autre vivant. Un cheval mort.
On jetait le rameur défaillait à la mer. Mort. É;uisé. Blessé. Il était incapable de remplir son rôle, la seule chose qui le maintenait en vie. Qui justifiait sa survie, sa nourriture.
Bon pour les requins, lorsqu'il y avait des requins. Qui suivait le navire comme les goélands, sachant qu'on y ferait un bon repas. Sur le pont. Avec les restes. Ou dans l'eau.
Quand tout ceci serait fini, il retournerait à Rome où son destin l'attendait.
Il était ambitieux et Rome aimait les hommes de caractère que rien n'arrêtait.
L'avenir lui appartenait. Il suffirait de pousser les portes pour qu'elles s'ouvrent. Comme il suffisait de forcer les femmes pour qu'elles ouvrent les jambes.
Après tout, toutes les femmes du monde sont nées esclaves. Et appartenaient de ce fait à tout homme qui en voudraient. C'était leur destin. Elles n'avaient qu'à ne pas naître. Ou ne pas naître femme. Ou à cesser de vivre. Mais comme tous les esclaves, elles avaient peur de la mort. Et préféraient tout endurer plutôt que de périr. Tant pis pour elle. Leur faiblesse n'attirait que mépris. Dans sa maison, quand l'envie lui en prenait, il attrappait celle qui passait, elle n'avait que le temps de déposer son plateau, et il la prenait là où il était. Ou lui disait de faire ce qui lui plaisait à ce moment. De prendre la position qui l'amusait. Elle aurait pu être une roche. Et il aurait pu collectionner les roches.
Comme on se penche pour cueillir une roche brillante.
La force et la volonté menait à tout.
Et le destin l'avait mené là.
Il y avait plein de monde autour. Beaucoup d'esclaves Juifs bien content de le voir enfin humilié. C'était un beau spectacle. À chaque exécution, la foule ne manquait pas. Et le Romains savaient comment terrifier et amuser. Mieux valait que ce soit les voleurs et les traîtres qu'on élevait ainsi plutôt qu'eux.
Des tas de prêtres de leur secte, contents de voir ainsi périr un concurrent.
Quelques femmes. Folles ou qui n'avaient peur de rien. Pleuraient.
Il y avait peu de Romains. À part les soldats qui surveillaient la foule du bout de leurs lances. Les hébreux étant du genre à s'exciter facilement. Il fallait régulièrement en tuer un certain nombre.
Mais il était préférable, du point de vue politique, d'en élever quelques-uns au bout des bois afin qu'ils soient bien visibles pour tous.
Voilà ce qui arrive si vous défiez Rome.
Voilà ce qui arrive même si vous ne défiez pas Rome mais faites l'erreur de trouber la paix publique.
Rome avait peu de patience.
Le sénateur Romain était là, non pour s'assurer que la cérémie politique se passe conformément à la tradition: peur, cris, pleurs, appel à l'aide, supplication, pisse et merde qui coule le long de la poutre avec le sang. Il y avait des fonctionnaires de rang inférieur chargé de cette besogne.
La chaleur attirait les mouches. Le sang aussi. Et la mort.
Le sénateur était là pour des raisons personnelles. Et pour s'amuser un peu. Comme lorsqu'il était à Rome et qu'il allait au Cirque voir des condamnés brûlés, éventrés ou traités selon la fantaisie des bourreaux et des commanditaires.
La paix Romaine avait besoin de ces moments d'extases publiques où la foule communaient avec la puissance de sa loix. Voilà ce qui arrivait aux ennemis de Rome.
Hommes. Femmes. Enfants. Animaux. Choses. Dieux ennemis.
Le sénateur savourait le spectacle en connaisseur.
Ce jour-là, on avait crucifié de nombreux bandits, exaltés et terroristes. La plupart mourait comme ils avaient vécus. C'est-à-dire, en sous-hommes, en inférieurs, en esclaves. Pas en Romain.
Il n'y avait que celui-là, ce Jésus, qu'il connaissait bien, qui savait mourir.
Il éleva sa coupe de verre glacée vers le mourant sur sa croix, comme pour lui souhaiter bonne chance. Ou le saluer.
Il but du liquide glacé à sa santé.
Et il lui dit:
_ Si tu peux sauter de ta croix, ne te gène pas. Sinon, bonne chance en Enfer!
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17,20 avril 2013. État 1
Mort. 1
334.30
Henry Dickson après le film vu à la cinémathèque du cégep prit une bière avec la petite blonde. Avec l'envie de fonder une religion. Effet que faisait le film sur bien des personnes sensibles.
Pendant ce temps, dans l'église, l'homme regardait le tableau de la crucifixion. Oeuvre mineue qui n'aurait pas mérité tant de moments d'égarement. Faite par un illustrateur du temps qui ferait aujourd'hui, avec sans doute plus de talent, des bandes dessinées ou des jeux video.
L'homme était là depuis plusieurs jours. Peu de personne ne venait dans le vieil édifice déserté par ses anciens fidèles qui mouraient un à un, l'un après l'autre, sans être remplacé. À Pâques, fête obligatoire, il y en avait quelques-uns, assez pour faire dire aux optimistes que l'église était remplie.
Mais rien à voir avec les foules d'il y a quelques générations.
Pour les plus fervents des optimistes, le fait que l'église soit remplie à Noël, qui n'arrivait qu'une fois par an, était un motif pour se réjouir.
Quoique le fait que la Messe de Minuit ne se passe plus à minuit, faute de curés pour dire cette messe. Le manque d'effectif obligeant les sorciers chrétiens à s'écartiller entre plusieus paroisses. Et le Messe de Minut de Noël était en quelque sorte tirée au sort, variant d'une année à l'autre, allant d'une paroisse à l'autre.
Le reste du temps.
Il arrivait que lors d'un mariage, mieux, d'un enterrement, l'édifice fut plein. Si les mariés avaient de la famille et les moyens de préparer un repas de noce satisfaisant.
Quant au baptême, il ne s'en faisait presque plus. On n'en voyait plus la nécessité alors qu'auparavant, c'était le passe-port obligé pour le Ciel.
On n'enseignait plus l'Histoire Sainte dans les écoles. Ou c'était un cours facultatif les fins de semaines. Ou on montrait également en quoi consistait la religion catholique et en quoi elle était indispensable pour une vie satisfaisante.
Quoique beaucoup de gens préféraient une vie sexuelle épanouie. Ou une visite au bordel. Illégaux mais si nécessaire pour les âmes en peine munie d'un corps excessif.
On en arrivait à la situation amusante où une jeune femme rencontrée au bar leur racontait sa difficulté à trouver la salle de toilette qui lui convenait. Le propriétaire du bar, poète, avait noté sur les protes Adam et Ève. La jeune naïve avait cru en voyaint la première inscription à demi-effacée (encore plus poétique) - il manquait beaucoup du A. Qu'elle devair lire DAME - et qu'il manquait donc tut du E. Pourquoi pas, puisque le A disparaissait dans un flou artistique.
En entrant, même s'il n'y avait personne, elle vit bien en constatant la forme des accessoires qu'elle n'était pas à sa place. Et que la porte suivante, portant un nom tout aussi inconnu: ÈVE, devait sans doute, probablement, pourquoi pas?, être la bonne.
La petite blonde rit en écoutant cette histoire.
Et monsieur Dickson amait bien voir rire la petite blonde qui riait suavement.
Alors que cette histoire sans intérêt (sauf pour les participants au jeu de rôle de la vie) se passait, l'homme se cachait dans l'église depuis plusieurs jours.
Comme on baissait le chauffage de l'église la nuit et les jours où il n'y aurait personne, il frissonnait. Chauffer un tel navire de pierre et de bois, avec un voûte aussi élevée était ruineux. On vendait donc les églises une à une. Toutes celles qui n'étaient pas patrimoniales. Construire ou dessinée par un homme célèbre. Ou que des gens célèbres, vivant encore et non encore décédée, confirmerait comme artistique et ayant donc le droit d'exister encore.
Celles que l'on ne parvenait pas à vendre et à faire acheter pour les transformer en condo était démolie. Le terrain sur lequel elle était bâtie, la plupart du temps, au centre de la ville - les curés ayant eu dans leur belle époque le premier choix - l'église étant le premier édifice qu'une communauté de croyants, une paroisse puis un village se donnait pour démotrer son existence.
Donc, aussi bien situé, ce terrain valait plus cher que le vieil immeuble. Et on y logerait bien des gens qui auraient les moyens d'y loger. Ce qui n'était plus le cas de Dieu.
L'homme se cachait et sortait de sa cachette.
Priait-il ?
Lorsqu'il contemplait des heures durant le tableau du Christ crucifié?
Mais il était seul avec ses souvenirs.
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17 avril 2013. État 1
Pendant ce temps, dans l'église, l'homme regardait le tableau de la crucifixion. Oeuvre mineue qui n'aurait pas mérité tant de moments d'égarement. Faite par un illustrateur du temps qui ferait aujourd'hui, avec sans doute plus de talent, des bandes dessinées ou des jeux video.
L'homme était là depuis plusieurs jours. Peu de personne ne venait dans le vieil édifice déserté par ses anciens fidèles qui mouraient un à un, l'un après l'autre, sans être remplacé. À Pâques, fête obligatoire, il y en avait quelques-uns, assez pour faire dire aux optimistes que l'église était remplie.
Mais rien à voir avec les foules d'il y a quelques générations.
Pour les plus fervents des optimistes, le fait que l'église soit remplie à Noël, qui n'arrivait qu'une fois par an, était un motif pour se réjouir.
Quoique le fait que la Messe de Minuit ne se passe plus à minuit, faute de curés pour dire cette messe. Le manque d'effectif obligeant les sorciers chrétiens à s'écartiller entre plusieus paroisses. Et le Messe de Minut de Noël était en quelque sorte tirée au sort, variant d'une année à l'autre, allant d'une paroisse à l'autre.
Le reste du temps.
Il arrivait que lors d'un mariage, mieux, d'un enterrement, l'édifice fut plein. Si les mariés avaient de la famille et les moyens de préparer un repas de noce satisfaisant.
Quant au baptême, il ne s'en faisait presque plus. On n'en voyait plus la nécessité alors qu'auparavant, c'était le passe-port obligé pour le Ciel.
On n'enseignait plus l'Histoire Sainte dans les écoles. Ou c'était un cours facultatif les fins de semaines. Ou on montrait également en quoi consistait la religion catholique et en quoi elle était indispensable pour une vie satisfaisante.
Quoique beaucoup de gens préféraient une vie sexuelle épanouie. Ou une visite au bordel. Illégaux mais si nécessaire pour les âmes en peine munie d'un corps excessif.
On en arrivait à la situation amusante où une jeune femme rencontrée au bar leur racontait sa difficulté à trouver la salle de toilette qui lui convenait. Le propriétaire du bar, poète, avait noté sur les protes Adam et Ève. La jeune naïve avait cru en voyaint la première inscription à demi-effacée (encore plus poétique) - il manquait beaucoup du A. Qu'elle devair lire DAME - et qu'il manquait donc tut du E. Pourquoi pas, puisque le A disparaissait dans un flou artistique.
En entrant, même s'il n'y avait personne, elle vit bien en constatant la forme des accessoires qu'elle n'était pas à sa place. Et que la porte suivante, portant un nom tout aussi inconnu: ÈVE, devait sans doute, probablement, pourquoi pas?, être la bonne.
La petite blonde rit en écoutant cette histoire.
Et monsieur Dickson amait bien voir rire la petite blonde qui riait suavement.
Alors que cette histoire sans intérêt (sauf pour les participants au jeu de rôle de la vie) se passait, l'homme se cachait dans l'église depuis plusieurs jours.
Comme on baissait le chauffage de l'église la nuit et les jours où il n'y aurait personne, il frissonnait. Chauffer un tel navire de pierre et de bois, avec un voûte aussi élevée était ruineux. On vendait donc les églises une à une. Toutes celles qui n'étaient pas patrimoniales. Construire ou dessinée par un homme célèbre. Ou que des gens célèbres, vivant encore et non encore décédée, confirmerait comme artistique et ayant donc le droit d'exister encore.
Celles que l'on ne parvenait pas à vendre et à faire acheter pour les transformer en condo était démolie. Le terrain sur lequel elle était bâtie, la plupart du temps, au centre de la ville - les curés ayant eu dans leur belle époque le premier choix - l'église étant le premier édifice qu'une communauté de croyants, une paroisse puis un village se donnait pour démotrer son existence.
Donc, aussi bien situé, ce terrain valait plus cher que le vieil immeuble. Et on y logerait bien des gens qui auraient les moyens d'y loger. Ce qui n'était plus le cas de Dieu.
L'homme se cachait et sortait de sa cachette.
Priait-il ?
Lorsqu'il contemplait des heures durant le tableau du Christ crucifié?
Mais il était seul avec ses souvenirs.
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17 avril 2013. État 1
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