HISTOIRES DE FANTÔMES

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HISTOIRES DE FANTÔMES.

Vers minuit, à la lueur de la chandelle, monsieur Henry Dickson, devant l'âtre où brûle des bûches d'érables et de vieux parchemins, se penche sur son écritoire. Tout est tranquille dans la grande maison, tout semble dormir et, soudain,
il y a ce bruit.

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14.3.14

465.162. LE POISSON EST BON POUR LA SANTÉ. IL CONTIENT DES OMÉGA 3. OU QUELQUE CHOSE DU GENRE.

La petite blonde ne l’écoutait plus. 

Elle regardait la TV. 

On avait repris la présentation des Jeux Olympiques. Puis on l’avait coupée.

On passait de l’infopub de Radio Canada pour occuper l’espace et le temps lorsqu’on n’avait pas de pub payante.

On présenta un extrait de l’émission Entrée Principale et un autre du téléjournal. Les nouvelles du soir. 

L'organisme Mercy for animals, variété de Greenpeace spécialisé dans les animaux avait filmé en caméra caché ce qui se passait dans une ferme. Hybrid Meat, le plus gros éleveur de dindes du Canada – plus une industrie, proche de la pétrochimie, de la sidérurgie ou d’Abou Ghraib ou d’un camp de concentration que du Temps d’une Paix ou Des Belles Histoires des Pays d’en Haut. 

Il y avait une vue extérieure des bâtiments nombreux et bien rangés qui rappelaient Birkenau. 

L'urbanisme appliquée. Aux dindes. 

Il n’y avait rien à redire du projet immobilier extérieur mais beaucoup sur ce qui se passait à l’intérieur.

On y voyait – et la jolie animatrice présentatrice de nouvelles disait avoir caché ce qui était inmontrable et elle disait lentement en avalant sa langue et sa salive, choisir ses mots pour ne pas choquer – on y voyait les ouvriers fermiers battre à coups de pieds bottés ou à coups de pelles des dindes. 

Pour les faire obéir. Les motiver. Les punir. Se défouler. S’amuser. 

Les dindes avaient le goût de rire. Au choix. 

Les dindes une fois motivées couraient dans tous les sens. Il y en avait partout. 

Les dindes dans leur salle de réunion surpeuplée, emboitées les unes dans les autres ou superposées les unes au-dessus des autres.

Et d’autres dans des cages. Petites. Qui devaient, disait-on, servir à la reproduction. 

Il y avait partout des tas de dindes boiteuses et titubantes, amochés, infirmes – les coups – probablement – des plaies ouvertes, sanglante, saignante, purulentes - il manquait un œil ou 2 à certaines – la plupart avait le bec coupé net - et monstrueuses sans qu’on en explique la raison. 

Parfois, on se pratiquait à l'euthanasie avec la méthode chemise brune. Une culture de la cruauté ? Une question se pose: mais où s'arrête la liberté d'expression?

Il manquait une patte à certaines. D'autres en avaient trop. 

Peut-être l’alimentation ou les produits chimiques nécessaires à la croissance et l’épanouissement, l’arrondissement de la dinde. Quelle importance. Son sort était défini par Dieu.

Dans x jours, l’abattoir.

Un abattoir scientifique et ergonomique. Où rien ne sera perdu d'elles.

La consommation humaine ou animale pour ce que les humains ne pourraient consommer. Ou ne voudrait. Et l’égout après digestion. 

La dinde, entretemps et définitivement, serait transformé en humain et ferait parti de son corps. Sauf de ce qui était inassimilable et qui allait à l’égout.

Entre temps, on la retrouverait propre et nette, lisse, ronde, silencieuse, morte, congelée dans la section des viandes du supermarché. Sous plastique. 

Et pour les pas présentables – infirmes, éclopées, cancéreuses, sidatiques, qui sait? 

Avec trop d’ailes, de pattes, de têtes, de tumeurs, d’abcès, il y avait la section des plats préparés, pré-cuisinés, frais ou congelés, encore, de la même section. Ou assez proche. 

Et l’autre industrie, presque aussi importante que celle réservée aux humains, destinés aux toutous et chatons. Qui méritaient ce qu’il y avait de mieux. Quoiqu’on mange les chiens et les chats dans certains pays.

On ne parla pas de l'industrie de la mort destinée aux vieux. Ce qui aurait été un intéressant sujet de discussion.

Dans le journal du lendemain qui commenta cette nouvelle, on apporta d'autres mots.


On pourra lire un extrait d'une directive du du Conseil Européen sur la Protection des Animaux ou de l'OABA, Oeuvre d'Assistance aux Bêtes d'Abattoir. Au moment de leur assassinat :

La suspension des animaux est interdite avant leur étourdissement ou leur mise à mort. Il est interdit d'asséner des coups ou d'exercer des pressions aux endroits particulièrement sensibles. Ou des chocs électriques. Il est en particulier interdit, d'écraser, de tordre, voire de casser la queue des animaux ou de les saisir par les yeux ou les organes sexuels. Les coups appliqués sans ménagement et les coups de pied, sont interdits.

Sur le site internet du journal qui reproduisait cet article, un lecteur commenta que si on éprouve la nécessité de publier une directive en détaillant des actes aussi précis c’est qu’on les a catalogués et documentés ce qui laisse supposer que de tels actes sont fréquents ?au moment de leur mise à mort.

Un autre lecteur donna le lien permettant d'accéder à un texte de loi.

Dans le cas de l'abattage rituel par les sorciers juifs ou arabes, l'immobilisation et la suspension des animaux des espèces bovine, ovine et caprine doit être assurée au moyen d'un procédé mécanique avant l'abattage et jusqu'à la fin de la saignée. Les procédés autorisés pour l'étourdissement des animaux sont les suivants : Pistolet à tige perforante. Percussion. Electonarcose. Exposition au dioxyde de carbone. Pistolet ou fusil à balles libres. Caisson à vide.  Dislocation du cou après étourdissement. Electrocution. Injection ou ingestion d'une dose létale d'un produit possédant, en outre, des propriétés anesthésiques – comme pour les condamnés à morts des USA. Atmosphère gazeuse appropriée. Article. 5. La saignée des animaux doit être réalisée conformément aux conditions énoncées à l'annexe V du présent arrêté. Dans les abattoirs, les opérations d'immobilisation, d'étourdissement, d'abattage et de mise à mort. Pendant le déchargement, il convient de ne pas apeurer, exciter ni maltraiter les animaux et de veiller à ce qu'ils ne soient pas renversés. Il est interdit de soulever les animaux par la tête, les cornes, les oreilles, les membres, la queue ou la toison d'une manière qui leur cause des douleurs évitables. L'utilisation d'appareils soumettant les animaux à des chocs électriques doit, dans la mesure du possible, être évitée. En tout état de cause, ces appareils ne sont utilisés que pour des bovins adultes et des porcins adultes qui refusent de bouger et seulement lorsqu'ils ont de la place pour avancer. Les chocs ne doivent pas durer plus d'une seconde, doivent être convenablement espacés et ne doivent être appliqués que sur les muscles des membres postérieurs. Les chocs ne doivent pas être utilisés de façon répétée si l'animal ne réagit pas. Les animaux incapables de se mouvoir ne doivent pas être traînés jusqu'au lieu d'abattage mais être abattus là où ils sont couchés ou, lorsque c'est possible et que cela n'entraîne aucune souffrance inutile, transportés sur un chariot ou une plaque roulante jusqu'au local d'abattage d'urgence. Les conteneurs dans lesquels sont transportés les animaux doivent être manipulés avec ménagement, il est interdit de les jeter à terre, de les laisser tomber ou de les renverser. Dans la mesure du possible, ils seront chargés et déchargés horizontalement et mécaniquement. Les animaux livrés dans des conteneurs à fond perforé ou souple doivent être déchargés avec un soin particulier pour éviter les blessures. Les matériels utilisés pour l'immobilisation des animaux doivent être en toutes circonstances immédiatement efficaces dans leur emploi en vue d'épargner aux animaux toute douleur, souffrance et excitation, ainsi que toute blessure ou contusion. Être d'un maniement facile permettant un rythme de travail satisfaisant. Être peu bruyants. Permettre une saignée aussi complète que possible. Les animaux ne peuvent en aucun cas être immobilisés au moyen de liens. Les animaux qui sont étourdis ou mis à mort par des moyens mécaniques ou électriques appliqués à la tête doivent être présentés dans une position telle que l'appareil puisse être appliqué et utilisé commodément, avec précision et pendant la durée convenable. Le recours à des moyens appropriés en vue de restreindre les mouvements de la tête est autorisé. Les animaux ne doivent pas être placés dans un box d'étourdissement si l'opérateur chargé de les étourdir n'est pas prêt à opérer dès que l'animal est placé dans un box. Un animal ne doit pas avoir la tête immobilisée tant que l'abatteur n'est pas prêt à l'étourdir. Il est interdit d'utiliser comme moyen de contention, d'immobilisation ou pour faire bouger les animaux les appreils électriques servant à l'étourdissement. Les matériels utillisés pour l'étourdissement des animaux doivent être en toutes circonstances immédiatement efficaces dans leur emploi de façon à plonger l'animal dans un état d'inconscience où il est maintenu jusqu'à l'intervention de la mort afin de lui éviter toute souffrance. Ne pas s'opposer à une saignée aussi complète que possible. Pistolet à tige perforante : Les instruments doivent être placés de telle sorte que le projectile pénètre dans le cortex cérébral. Il est interdit en particulier d'abattre les bovins dans la nuque. Pour les ovins et les caprins, cette méthode est autorisée si la présence de cornes exclut la position frontale. En pareil cas, l'instrument perforant doit être placé derrière la base des cornes et dirigé vers la bouche, la saignée commençant au plus tard dans les 15 secondes après le coup. En cas d’utilisation d’un instrument à tige perforante, l’opérateur doit vérifier que la tige revient effectivement à la position initiale après avoir traversé le crâne après chaque tir. L’instrument ne doit pas être réutilisé avant d’avoir été réparé. 4. Percussion : Ce procédé n'est autorisé que si l'on utilise un instrument mécanique qui administre un coup au crâne. L'opérateur veille à ce que l'instrument soit appliqué dans la position requise et à ce que la charge de la cartouche soit correcte et conforme aux instructions du fabricant pour obtenir un étourdissement efficace sans fracture du crâne. Toutefois, dans le cas de petits lots de lapins, lorsqu'il est fait recours à l'application d'un coup sur le crâne de manière non mécanique (avec un marteau), cette opération doit être effectuée de manière que l'animal soit immédiatement plongé dans un état d'inconscience jusqu'à sa mort. 5. Electronarcose : Electrodes. Les électrodes doivent être placées de manière à enserrer la tête de telle sorte que le courant traverse le cerveau. Il convient, en outre, de prendre les mesures appropriées pour assurer un bon contact électrique et mouiller la peau. Lorsque les animaux sont étourdis individuellement, l'appareillage doit : a) Etre pourvu d'un dispositif mesurant l'impédance de la charge et empêchant l'appareil de fonctionner si le courant minimal requis ne passe pas. Être pourvu d'un dispositif sonore ou visuel indiquant la durée d'application à un animal. Être connecté à un dispositif, placé de manière à être nettement visible pour l'opérateur, indiquant la tension et l'intensité du courant. Bains d'eau : Cette méthode d'étourdissement n'est utilisée que pour les oiseaux. Lorsque des appareils d'étourdissement à bain d'eau sont utilisés, le niveau de l'eau doit être réglable de manière à permettre un bon contact avec la tête de l'oiseau. Lorsque les volailles sont étourdies en groupe dans un bain d'eau, un voltage suffisant pour produire un courant ayant une intensité efficace pour assurer l'étourdissement de chaque volaille sera maintenu.  l convient de prendre les mesures appropriées pour assurer un bon passage du courant et notamment un bon contact et le mouillage dudit contact entre les pattes et les crochets de suspension. Les bains d'eau destinés aux volailles doivent être d'une taille et d'une profondeur adaptées au type de volailles à abattre et ne doivent pas déborder à l'entrée. L'électrode immergée doit correspondre à la longueur du bain d'eau. Pour les animaux qui ont été étourdis, la saignée doit commencer le plus tôt possible après accomplissement de l’étourdissement et être effectuée de manière à provoquer un saignement rapide, profus et complet. La saignée doit être effectuée avant que l’animal ne reprenne conscience. Tous les animaux qui ont été étourdis doivent être saignés par incision d’au moins une des deux artères carotides ou des vaisseaux dont elle est issue. Après incision des vaisseaux sanguins, aucune procédure d’habillage ni aucune stimulation électrique ne doit être pratiquée sur les animaux avant l’achèvement de la saignée. L’accrochage, le hissage et la saignée doivent être fait avec méthode. Lorsque les volailles sont saignées à l’aide d’un coupe-cou automatique, il faut s’assurer qu’en cas de panne et de décapitation défaillante ou imparfaite, les oiseaux doivent être abattus immédiatement. L'immobilisation des animaux est obligatoire avant tout abattage. La suspension des animaux est interdite avant leur étourdissement ou leur mise à mort. Les dispositions du présent article ne s'appliquent pas aux volailles, aux lapins domestiques et au petit gibier d'élevage dans la mesure où il est procédé à l'étourdissement de ces animaux après leur suspension parle pattes. L'étourdissement des animaux est obligatoire avant l'abattage ou la mise à mort, à l'exception des cas suivants : Abattage rituel. La présence d’une personne du culte : rabbin ou imam est obligatoire. Mise à mort du gibier d'élevage lorsque le procédé utilisé, qui doit être préalablement autorisé, entraîne la mort immédiate. Mise à mort d'extrême urgence. La saignée doit commencer le plus tôt possible après l'étourdissement et en tout état de cause avant que l'animal ne reprenne conscience. Si ce cas malheureux se produit, il faut de toute urgence procéder à l’exécution de l’animal avec le moyen disponible le plus approprié. L'abattage rituel doit se conformer aux exigences de la législation. Dont l'habilitation des sacrificateurs et l'agrément des organismes religieux concernés. Les sacrificateurs doivent être en mesure de justifier de cette habilitation. Il est interdit de suspendre les animaux avant l'égorgement et d'abattre des animaux en dehors d'un abattoir dans des conditions illicites. Il est interdit de suspendre un animal vivant et lorsqu'il est encore conscient. Il est interdit d'abattre les bovins dans la nuque. Cette pratique, qui non seulement ne garantit pas un bon étourdissement de l'animal, mais est de nature à générer des souffrances supplémentaires, est donc contraire aux dispositions générales des articles R 214-65 et R 214-66 du code rural, ce qui conduit à la classer parmi les mauvais traitements, passibles des peines prévues par les contraventions de la quatrièmes classe. Elle peut même, dans certains cas, être qualifiée d'acte de cruauté, considéré dans ce cas comme un délit au titre de l'article 521-1 du code pénal. La pratique et l'étourdissement des bovins et des veaux dans la nuque par un matador est interdite. Mais les sorciers sont contre l’étourdissement qui mécontente leur dieu qui aime le sang frais coulant. C'est plus rare de nos jours mais il arrivait que certaines personnes insistaient pour assister à titre de spectateur payant aux séances ou cérémonies d'abattage. Quelques-uns, se plaçant sous l'animal égorgé en train de saigner pour se baigner rituellement. Buvant son sang. Cette coutume n'est plus permise dans les grands abattoirs industriels mais on pouvait le retrouver il n'y a pas si longtemps dans l'abattoir du village.

Puis vint l’extrait d’Entrée Principale, animée par André Robitaille dont la particularité est d’être tournée en direct dans le hall d’entrée de Radio Canada. Subtilité inouïe. Économique, arithmétique, comptable et esthétique. Rien que des bonnes choses. Permettant l’économie d’un studio. Comme toutes les émissions économiques de chaises, on y invite des invités et des collaborateurs pour parler et raconter leur vie ou des choses qu’on devrait connaître. Ou qu'on n'a pas vraiment envie de connaître ou de savoir. Assis autour d’une table. Ici, d’un comptoir. Ou 2. Avec une machine à café de 20 000 $ qui tient une grande place dans l’émission. 

Publicité.

On parle de l’animateur.

Animateur enthousiaste et bondissant de Testé sur des Humains. Où on faisait subir diverses tortures, vexations et humiliations à des gens qui n’étaient pas Juifs ou Palestiniens. Propulsé par les défis, les projets qui décoiffent, décloisonnent les idées reçues ou repoussent les limites autorisées des médias. L’émission diffusée en direct, croisement entre une émission de radio et un émission TV de services, son mandat est d'être accessible et rassembleuse tout en étant utile et intelligente! Le concept est de présenter des sujets qu'on ne traitera sans doute pas aux bulletins d'information, mais assurément dans nos maisons! Ou au bureau. Entrée principale se veut, bien humblement, un facilitateur du quotidien. Une émission utile et divertissante, amusante à regarder. Et nourrissante pour l'esprit!

Et un des collaborateurs, Louis T.

Louis T fait parti de la nouvelle génération, consciente du rôle qu’un humoriste peut occuper. Reconnu pour la qualité de ses textes d’humour engagé et collé à l’actualité. Il nous partage sa vision des choses, percutante, intelligente, mais toujours drôle! C’est tout naturellement qu’il s’est joint à l’équipe d’Entrée principale à titre de barista-humoriste où, toujours habillé propre, avec veston/cravate/lunettes noires, il saura plaire aux dames par son hygiène irréprochable et son humour savoureux.

Émission intéressante. Sauf

Louis T présenta ce qu’il appelle ses prises du jour. Des extraits de vidéo ou des photos qu’il commente provenant de la mer infinie d’Internet. YouTube ect.

Le sujet était l’alimentation.

Et le vidéo montrait un plat Japonais réservé aux riches japonais du Japon.

On y voyait et on décrivait un poisson japonais dans une assiette couché sur de la salade. 

Le poisson était entier. 

Vivant. 

Respirant. 

Par à coups. 

Sa tête et sa grosse bouche était bien visible. Ouverte. Fermée. Ouverte fermée. 

Ses yeux. Comme tristes. Implorants. 

Est-ce qu’un gros poisson implore, prie, supplie ?

Car après sa tête, il y avait son corps jusqu’à sa queue. Entier. 

Sauf qu’entre sa tête et sa queue, on avait enlevé la peau pour laisser la chair vive.

Et le poisson ne bougeait pas. 

Sauf sa tête qui se soulevait péniblement. Et sa grande bouche qui respirait ou semblait le faire – un poisson ne respire pas. Du moins pas de l’air.

Donc il ne bougeait pas parce qu’on avait cassé sa colonne vertébrale de manière à ce que, effectivement, il ne puisse bouger et sauter hors de son assiette. 

Et qu’il attende – un poisson peut-il attendre? – ce qui va arriver ensuite. Ou ce qu’il devra subir.

Car le but du poisson, de ce poisson, l’explication de sa présente ici, là, dans l’assiette, sur la salade et sur la table était d’être mangé vivant.

Il fallait donc ne pas le tuer.

Son cœur était intact.

Il respirait.

Ou quelque chose du genre.

Ou étouffait.

Sur un rythme régulier.

Le sang coulait encore mais on ne le voyait pas. Il était pour le moment dans ses veines.

À un certain moment, l’esthète culinaire découperait son cœur qui cesserait de battre et le sang cesserait de circuler et la vie de vivre.

Et il serait alors réellement mort.

En ce moment, il était dans une phase, lente, entre la vie et la mort.

Que l’on avait filmé soigneusement.

Pour les amateurs de suchi sophistiqué ou de steak tartare poussé à un degré plus élevé de l’épucurianisme. La viande crue ne suffisait plus. 

La viande la plus fraîche non plus. 

On mangerait la viande encore vivante et respirante.

Pour certains esprits raffinés, l’esprit, l’énergie, la vie peut s’absorber aussi bien que la chair et la viande et on peut l’assimiler. 

Mais il faut que la bête soit vivante. 

Ou l’humain. 

Des esprits encore plus esthètes, philosophes, raffinés sont allés jusque-là et en ont été fort satisfaits. 

On est ici au-delà de la cuisine et de la gastronomie, dans la religion la plus ancienne. La première de toute.

La religions primordiale des humains.

On pouvait torturer l’enfant afin d’absorber l’énergie de sa douleur, de sa peur. Il y a là un plaisir subtil que seuls certains ont connus.

La jeunesse de la proie était importante. Essentielle.

Gilles de Rais, Gilles de Montmorency-Laval, maréchal de France, grand connétable de France, chef des armées du royaume, général de Jeanne d’Arc, adepte de la Magie Noire la plus satanique et la plus profondément démoniaque, faisait enlever des enfants qu’il caressait jusqu’à ce qu’ils ressentent du plaisir et s’abandonnent à lui puis les égorgeait et buvait leur sang. Il voyait leur vie s’écouler lentement sur lui. Puis il les faisait cuire. Dit-on.

La bouche des enfants s'ouvrait et se fermait. Lorsqu'il les caressait. 

La bouche des enfants s'ouvrait et se fermait, s'ouvrait et se fermait, régulièrement, de plus en plus difficilement, inexplicablement, lorsqu'il les égorgeait. Doucement. Dit-on.

Une sorte d’holocauste pour Satan. Probablement gastronome. Comme les dieux anciens.

Tout ceci est tellement humain.

Il est de plus en plus rare qu’on ait les moyens financiers, politiques de se laisser aller au cannibalisme ou au sacrifice humain.

Mais ceci arrive encore.

Mais il faut être si riche.

On se contente donc de sacrifier des poissons.

Et

De toute façon, le poisson n’est pas fait pour vivre à l’air libre sur une assiette et il mourrait bientôt étouffé si on ne le mangeait pas rapidement.

On l'a déjà dit.

Il faut le redire.

L'image de sa bouche qui se ferme et se referme.

L'image de ses yeux qui regardent fixement la caméra qui le filme.

Et les spectateurs qui l'observent.

Pour on ne sait quelle raison, il y avait une sorte de malaise parmi les collaborateurs de l’émission TV.

_ C’est à vous dégoûter de manger.

Dit le vendeur. Siphonné comme elle par la TV.

_ J’en suis rendu à ne plus manger que du pain et du fromage. Ça dure moins longtemps. La cuisine et le repas. Et je me demande si on ne torture pas la vache que l’on trait.

Tout le monde mange des cadavres.

Il retint sa respiration et prit une autre bouffée de TV

_ De toute façon, on vit trop longtemps.

Il se retourna pour voir ce qu’elle avait à dire. Si elle avait à dire quelque chose. Peut-être qu’elle trouvait tout ceci tout à fait naturel, économique/Marché Libre/liberté du commerce./HEC/Hautes Études Commeciales/tout ça! Ce genre de chose.

Il ne la trouva pas.

Il se pencha par-dessus son comptoir. Il la redécouvrit par terre. 

Elle avait perdu connaissance.

*


État 1.2 - 14 mars 2014

5.3.14

464.161

Si les BD US ne lui parlait pas. Il y avait les BD japonaise, coréenne, chinoise. 

Les BD d'Angleterre. 

Les BD européenne. Belge. Française.

Pourquoi pas Tintin.

Tout le monde aime Tintin.

Il gardait tous les Astérix et tous les Tintin. Quand quelqu'un tenait absolument à acheter quelque chose. Qu'il voulait une valeur sûre. 

Tintin de Hergé. Dessiné par George Rémi. G.R. R.G. Puis ses chefs d'atelier. Et leurs assistants. Comme à la Renaissance. Wang. Edgard P. Jacob. Jacques Martin. Bob de Moor qui fit entièrement la dernière oeuvre. Un peu vite. 

Hergé qui était sournois lui avait fait croire qu'il pourrait poursuivre son oeuvre après sa mort et serait son héritier (spirituel et financier ) alors qu'il n'en avait aucune envie. Une petite surprise dans son testament. Sa seconde femme serait l'héritière et exploiterait dans tous les sens du terme son oeuvre dont on recyclerait sans cesse les même éléments tout en les transformant. 

À ce moment, il était mourant mais pas encore mort. Mourant à petit feu et mijoté comme on dit. Il voulait encore publier. Mais il était trop malade pour y parvenir. Et incapable de l'admettre et de se résigner. Ce qui est presque amusant pour quelqu'un qui avait (ou le démontrait) avec le bouddhisme et le Zen. Tintin et l'Alph-Art, étrange oeuvre cartable qu'il n'a pu qu'ébaucher mais qu'on a tenu à exploiter aussi, montre ce que la vieillesse et la maladie font à l'esprit humain. Le défaisant morceau par morceau. Ce que les épisodes dépressifs de sa vie n'avaient pas réussi à faire.  

Et il était presque seul. On l'avait quitté. Parce qu'on était jeune, énergique, tout ce qu'il n'était plus. 

De toute façon, il y avait longtemps qu'il ne pouvait plus. Parce que ses assistants pouvaient faire aussi bien que lui. Mieux. Plus vite. Il savait les choisir. Tous des virtuoses. Ce qu'il n'avait jamais été. Sur le modèle du Taylorisme, chaque talent ou spécialité y compris le sien participait à l'oeuvre commune qu'il signait. Le public ne comprendrait pas qu'il disait lorsqu'on lui demandait d'ajouter des signatures. Orgueil. Vanité d'artiste. Comédie sentimentale et émotionnelle. Petits secrets mesquins qui seraient révélés un jour. Quelle importance. Puisque son studio étant une extension de lui-même. De son esprit. Et était devenu meilleur que lui. Techniquement. Du moins. 

Un dessinateur collectif. Le véritable Hergé.

Mais Hergé, même en santé, était moins bon que lui. Quant à Hergé malade ou mourant.

Et il devait donc disparaître avec lui. 

Afin que personne ne sache. 

Ce qui n'avait aucune importance. 

Puisque les artistes, ne sont de leur vivant que des kilos de viande hachés saignantes, roses, mauves, rutilantes et qui coulent et sentent, parfois mauvais. Que la mort, enfin, rassemble. Se débarrassant de l'excès. Désormais inutilisable. Il reste, bien emballée, leur vie. Devenue mots. Leurs oeuvres. Imprimées. Restaurées. Dans d'autres livres. Des catalogues de musées. Des tableaux exposés. Pour l'éternité. Ce qu'il y avait de déplaisant en eux - leur vie (presque toujours défectueuse et maladive) et tout ce physique, s'en est allée. Dans un trou. Ou philosophiquement ou Bouddhistement en toute zénitude, Héraclitement, elle se transforme de nouveau. 

Jusqu'à la fin ou presque, Hergé dessinera les mains de Tintin et sa petite tête ronde. Tout le reste pouvait être fait parfaitement et encore mieux que ce qu'il aurait fait par d'autres. 

Et il ne voulait pas que l'on discute de ceci après sa mort. Ce qu'on faisait. Fera. Comme si les morts pouvaient imposer quelque chose aux vivants.

Il laisserait un doute.

Doute qui ne subsisterait plus, si, régulièrement, sortait des albums aussi bons que ceux qu'il était supposé avoir fait de son vivant.

Comme si ça avait de l'importance. 

Comme si la volonté des morts avait la moindre importance. Ou qu'il pouvait influer sur la vie des vivants. Ou avaient la possibilité de changer le futur.

Les morts sont morts.

Et s'il subsiste quelque chose. Cette chose n'est pas le mort. Ou l'être qu'on a connu ou cru connaître. Car qui connaît réellement et véritablement quelqu'un ?

Il arrive, parfois, que quelque chose s'entête. S'infiltre. S'incruste. Comme dans la maison. Qui avait déjà tué dans de gens.

C'était ses secrets à elle. 

Lui aussi avait ses secrets.

Expliquer tout ça à sa nouvelle cliente ne ferait que la faire fuir. C'était une conversation entre fan. Chacun cherchant ou essayant de prouver que tel détail est de tel maître. Que le petit point ou le petit rond qui signifie les yeux est admirable. 

Chacun de ses chefs d'ateliers étant des maîtres eux-mêmes qui créeront leurs propres oeuvres. Et ils n'avaient plus besoin de lui. Ils avaient encore des années à vivre et des livres à faire. Ce qui n'était plus son cas. Dès que l'un partait, il en trouvait un autre. C'était sa chance. 

À chaque fois, il avait l'impression qu'on le trahissait. Et il s'en alla en trahissant à son tour.

Il ne reste de ceci que des mots sans importance.

Mais son ami avait tous les Tintin.

Elle lui demanda s'il avait les doubles pages des albums. Lorsque Tintin était prépublié en double page couleurs dans les premiers temps de la revue du même nom. Avant que ses assistants ne refasse le montage. Pour le sortir en album traditionnel. Dont ils ont en quelque sorte créé la forme presque idéale.

Étrangement, son héritière qui ne cesse d'exploiter n'a pas l'air de vouloir exploiter ce filon. Son entreprise ne cesse de sortir des rééditions miniatures, géantes, complètes, détaillées, commentées - n'y a pas encore pensé. Des tas d'amateurs n'attendent que ça. Car s'il ne sort plus de nouvelles aventures du petit héros à la tête ronde, il sort continuellement de nouveaux livres.

Elle ignorait des tas de choses mais connaissait tout de même des choses que des tas de gens supposément informés ignorent.

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Elle avait vraiment de la chance. Une partie de sa boutique était pour les publications neuves et une autre pour des objets de prix. Les plus précieux derrière une vitrine fermée à clé. Les vols et les voleurs, la plaie des commerces. D'autres objets étaient sous emballage de plastique pour les préserver du temps et des gestes inappropriés des clients maladroits. Ils étaient moins chers que ses biens les plus précieux mais plus coûteux que la marchandise ordinaire qu'il retournait à l'éditeur dès qu'ils avaient utilisés un certain temps ses étagères sans que ses clients aient eu un geste de bonté à leur égard. Comme les adopter. Ainsi fait-on des petits chats. Les éditeurs verraient revenir avec tristesse ces orphelins qu'ils conserverait en vie au moins un certains temps, au cas où, puis les enverraient au recyclage où on en ferait du papier sur lequel on imprimerait des oeuvres nouvelles. 

Il achetait donc des livres et des revues de collectionneurs s'il pensait les revendre rapidement. Si on lui avait demandé tel titre. Et qu'on ne connaissait pas l'existence d'E-Bay ou de Kijiji. 

Et il acceptait les boites surprise qu'on lui amenait. 

Il recevait des boites de vieilles revues ou livres qui avaient traînés dans les caves et les greniers depuis des décennies. Lorsque les héritiers faisaient le ménage de la maison de leur père, celle de leur enfance. Avant de la mettre en vente ou de s’y installer.

Ou à la suite d’un divorce, lorsqu’il fallait encore une fois vider la maison parce que l’épouse s’y installait ce qui était la procédure légale à ce moment. Le domicile familial lui appartenait désormais. Il n’y avait plus de famille. Sauf elle et les enfants. Ou l’enfant. Ou elle. 

L’ex-mari délogé finissait dans un sous-sol ou un petit appartement minuscule et n’avait plus de place pour ses collections.

Tant de drames dans ces boites qui, heureusement, ne parlaient jamais.

Ou c’était l’âge oà on devient sérieux. On a encore des souvenirs d’enfance. Vieux jouets. G-I Joe. Des BD qu’on ne lit plus parce qu’on est devenu adulte. Ou croit que c'est ainsi que font les autres adultes. 

Mais qu’on a conservé tout ce temps parce que. Parce qu’on avait de la place, un recoin. Un jour, il faut faire de la place pour les livres sérieux. Ou les bibelots de sa copine. Les photos souvenirs. 

Les CD ou les DVD. 

Si on fait partie de ceux qui ne peuvent se passer des objets ou des œuvres qui ont besoin supports physiques. Qui ne peuvent se passer d'objets.

Mais pas nécessairement la majorité. Ceux qui n'ont connu que les livres - en papier - diminuent sans cesse. La mort les réclame. 

Parce qu’on pourrait tout aussi bien les enregistrer sur le disque dur de son ordinateur. Ou les louer pour les lire ou les regarder sur sa tablette. S'abonner. Pour une seule lecture. Une seule écoute. Un seul visionnement. Une seule étude. Parce qu’on pense ne les consulter qu’une fois. 

On vend des chansons pour 1$ la chanson. Pourquoi écouter les 9 autres si elles ne nous intéressent pas?

On vend des romans à écouter. Lu par des comédiens. 

Et les BD, on peut maintenant les télécharger sur son téléphone, sa liseuse, sa tablette, son ordi. 

Le progrès.

Ceux qui ont inventé le téléphone pensaient qu'on pourrait s'en servir pour écouter de la musique d'une salle de concert, des opéras, du théâtre. 

Mais les gens ont préféré s'en servir pour bavarder et prendre des nouvelles les uns des autres. 

Souvenirs archéologiques de l’enfance ou de l’adolescence. Si les parents ou les mères attentionnées aux lectures inavouables ou, du moins, manquant de sérieux, de leurs rejetons à qui elle doit montrer le chemin de la vie. Qui est sérieux. Difficile. Un jour, l’ancien ado revient à la maison et tous ses souvenirs sont parti dans le camion de vidange. Il y a alors une discussion démontrant l’incompréhension des générations ou des parents. La mère finit en larme devant tant d’ingratitude. Son fils regrette son emportement. On oubliera ou pas.

Ou les boîtes sont rangées dans la cave, le grenier, le hangar. Et on s’en souvient 20 ans plus tard.

On est content de le revoir. Ou se sent embarrassé.

Donc héritiers, mères, épouses, soi-même devenus adultes se débarrassent d’un passé encombrant. L’enfant ou l’ado qu’on était, le jeune, étant décédé – virtuellement – à un certain moment. On le verra comme la chenille se transformant en papillon. Ou, si on est cynique, comme le papillon se recroquevillant pour devenir une chenille utile à la société.

Et les souvenirs partent dans le bac de plastique vert – à ordure. Ou bleu pour les matières recyclables. Ou brun pour le compost. Si on se trompe.

Lui, s’intéressait à une sorte de souvenirs, son commerce en faisant une spécialité : les BD de collection. Il ne voulait pas de vieilles photos. De vieux journaux.

Mais comme les gens n’avaient aucune idée de ce qu’il voulait et ne parvenaient pas à comprendre ses explications, il avait décidé de faire le tri lui-même. Ce qui était tout un travail. Fait après ou avant les heures de bureau ou de commerce. Parce que, laissés à eux-mêmes, les gens qui conservaient tout, jetaient tout. Faire le tri était au-dessus de leur force. Et choisir ce qui avait de la valeur pour le revendre à bon prix aussi.

Bien sûr, il recevait aussi des vendeurs connaissant le prix de leurs trésors. Des collectionneurs ayant soudainement besoin d’$. Une épouse nécessiteuse. Des enfants qui avaient l’extrême mauvaise habitude de manger ce qui coûtait cher. Ou ils voulaient continuer à collectionner ce qui les obligeait à se séparer d’une partie de leur collection pour collectionner autre chose. Il fallait alors leur expliquer que le prix indiqué dans les guides étaient ceux que le commerçant demanderait à l’acheteur. Quand lui-même achetait, il était beaucoup plus prudent. D’autant plus qu’il devrait conserver l’objet des mois ou des années. L’$ dépensé ne faisant aucun petits durant ce temps. Il ne pouvait immobiliser ses finances indéfiniment.
Si Tintin au pays des Soviets, premier livre de Hergé. Édition du Petit Vingtième, 1930. Un des 500 exemplaires numérotés valait 20 000 $. Il ne n’achèterait pas ce prix. Il ne pouvait immobiliser autant d’$. Mais il pouvait recruter un client dans son réseau – qui demeurerait anonyme pour l’apprenti vendeur, sinon, ils se rencontreraient et feraient des affaires sans lui demander son avis. Il servirait d’intermédiaire et lorsque l’acheteur motivé serait prêt à acheter le petit trésor du vendeur motivé, il ferait passer l’$ de l’un à l’autre tout en prenant sa part. Comme il ne mettrait pas son $ personnel ou celui du commerce dans la transaction, celle-ci consistant en un déplacement d’$ du collectionneur anxieux – une édition en bon état, objet d’époque – vers le propriétaire de l’objet. $ dont il prendrait sa part. Jouant les marieuses.
Mais ces petits miracles du commerce n’étaient pas si fréquents.
Il espérait donc trouver, par hasard, dans une boite, un de ces trésors. Qui ne lui coûterait rien et lui rapporterait beaucoup. Entre temps, il faisait des  bonnes actions. Acceptant les boites de souvenirs qu’on était incapable de jeter mais qu’il fallait pour toutes sortes de bonnes ou de très mauvaises raisons se débarrasser.
Il les entassait dans un coin. Les empilait. Faisait des remparts. Le temps de les oublier puis de les redécouvrir et de les ouvrir en espérant un miracle.
Son commerce étant déjà rempli, il faudrait que du vide se fasse pour laisser la place à ces découvertes. Le reste de l’espace était utilisé par les nouveautés qui avaient leurs clients. Revues que le distributeur reprenait lors de sa prochaine visite. Il laisserait les nouveautés de la semaine et du mois.
Certaines, dans 50 ans ou 100 ans auraient de la valeur. S’il en restait.
Lorsqu’il n’y avait pas de clients, il allait dans son arrière-boutique pour ouvrir les  boites. Même s’il était un adulte depuis un bon moment, il n’avait jamais réussi à être raisonnable et espérait encore.
Ce qui était en trop mauvais état finissait dans l’énorme bac de récupération en métal dans la ruelle. Avec ce qui était inutile : des livres, des romans ou des magazines sans intérêt. Et les boites vides qui les avaient contenus et préservés. Avec plus ou moins de succès.

Ce qui était vendable était remis dans d’autres boites plus propres pour les bouquinistes spécialisés dans les livres qui feraient un autre tri. Eux-aussi manquerait d’espace. Ce produit rare et essentiel coûtait cher et on le vendait ou le louait en bloc de 1 pieds cube ou carré.
Quel que soit la surface ou le volume d’air dont on disposait – dans certains quartiers, le loyer ne coûtait pas cher. Mais la clientèle serait plus rare. De qualité médiocre. Sauf les cambrioleurs. Dans d’autres quartiers où on louait l’espace avec l’air de vous faire une faveur, les clients seraient plus riches. Mais plus difficile. Tout était toujours difficile. Les clients pauvres et les clients riches. Les pauvres parce qu’ils manquaient toujours d’$. Les riches parce que la revue de 1950 n’était pas assez neuve. Même si elle datait de 1950. Et que c’était un miracle qu’elle existe encore. Si le temps abîme les gens. Il fait pire encore au papier. Et lorsqu’on avait imprimé l’objet, on avait pensé qu’il aurait un usage bref et finirait à la poubelle comme les journaux et les boites de Korn Flake. Et la plupart des lecteurs dès qu’ils avaient lu le jetaient. Ou le donnait. Et l’autre le jetterait. À moins d’être un collectionneur. Ou un de ces maniques incapables de jeter quoique ce soit. Ce qui est considéré comme une maladie mentale. 
Dans sa boutique, il y avait donc l’espace pour les revues neuves et leurs jeunes acheteurs. Et un autre espace pour les revues à collectionner. Les plus précieuses étant dans une armoire vitrée. Le musée
Le Musée des beaux-arts de Montréal s’était fait voler un morceau de statue du 5e siècle avant Jésus-Christ il y avait 3 ans et l’avait retrouvé le mois dernier. La police de la Sûreté du Québec avec la Gendarmerie royale du Canada – car la SQ ne pouvait enquêter au Canada = avait confirmé  avoir retrouvé le bas-relief perse estimée à 1 million $. Il avait été exposé dans un espace non vitré et un visiteur avait tout simplement mis la main dessus et l’avait sorti dans un sac à dos qu’on n’avait pas fouillé. Comme il avait besoin d’$ facile et rapide et qu’il ne connaissait pas le prix de l’antiquité, il l’avait vendu – pas cher – à quelqu’un qui aimait les trucs décoratifs pas cher. Il ne connaissait pas la valeur de cette vieillerie et n’avait aucun moyen d’entrer en contact avec les acheteurs peu scrupuleux qui auraient été contents. La plupart du temps, c’étaient eux qui passaient les commandes à des voleurs professionnels qui savaient comment voler efficacement sans se faire prendre. Ne comptant pas sur la chance comme l’amateur qui avait vendu





L’espace étant toujours limité et les livres ayant la manie de se reproduire la nuit dès qu’ils avaient le dos tournés. La plupart des romans finiraient également dans le bas de vieux papier où on en ferait des kleenex ou du papier à photocopie. Ils connaîtraient là, un peu plus tard, le sort que faisaient subir à leurs romans et autres publications, les éditeurs qui avaient été déçus par la performance financière de leurs bébés.

*

État 1 - 5 mars 2014

3.3.14

463.160

Il y avait les comics-books DC.

Forever Evil # 7. It's evil versus evil in the shocking “take-no-prisoners” conclusion to FOREVER EVIL! What will be the fate of Lex Luthor (l’ennemi juré de Superman) and his Injustice League? Who will live – and who will die? 

Lex Luthor. Pouvoir. genius-level intellect, inexhaustible wealth, political influence. Moralité. Villain. Métier. CEO of LexCorp. 

Superman – Action Comics Vol. 4: Hybrid. Determined to turn the people of Metropolis against the Man of Steel, Lex Luthor unleashes a virus on Metropolis capable of rewriting the DNA of those infected, including Superman. Superman’s immune system eventually fights off the infection, but not before a hybrid Superman is created through the virus’s ability to rewrite DNA. This new hybrid Superman is the only being capable of defeating the true Superman, and Lex will stop at nothing to see it accomplish its mission. Don’t miss these stories from ACTION COMICS #19-24, plus a tale featuring Wonder Woman from YOUNG ROMANCE #1 and the backup story from SUPERMAN ANNUAL #2. 

Superman : Secret Origin # 1. Superman : Doomed # 1. Superman : Action Comic #. 31 avec Metallo, Ghost Soldier, Atomic Skull and Steel. Superman : Adventures of Superman #13. Batman/Superman #11. 

Batman Eternal # 1. Batman #31. Batman and Frankenstein #31. Batman Beyond Universe #10 avec Wonder Woman et Catwoman. Detective Comic  #31 avec Batman. Batgirl #31.

Il y avait son éternel concurrent Marvel

Superior Spider-Man #27. The so-called Superior Spider-Man has failed. Under his watch, the Green Goblin took control of New York's underworld. 

Cap And Thor! Avengers  #1 avec Thor et  Captain America. When Hydra's U-Boats take out an Allied target, it's up to Captain America and his Howling Commandos to strike back!

Et tous ces personnages :

A-Bomb. Abomination. Adam Warlock. Ant-Man. Apocalypse. Archangel. Armor. Avengers. Azazel (Mutant). Beast. Bishop. Black Bolt. Black Cat. Black Panther. Black Widow. Blazing Skull. Cannonball. Captain Marvel. Carnage. Cassandra Nova. Colossus. Cyclops. Daredevil. Darwin. Deadpool. Deathlok. Doctor Doom. Doctor Strange. Domino. Emma Frost. Falcon. Fantastic Four. Fantomex. Galactus. Ghost Rider. Guardians of the Galaxy. H.A.M.M.E.R. Hawkeye. Hercules. Hulk. Human Torch. Iceman. Illuminati. Inhumans. Invaders. Invisible Woman. Iron Fist. Iron Man. Iron Patriot. Juggernaut. Kang. Magik. Illyana Rasputin. Magneto. Marvel Zombies. Mimic. Misty Knight. Mole Man. Moon Knight. Moondragon. Mystique. Nick Fury. Nightcrawler. Nuke. Professor X. Punisher. Quicksilver. Rachel Grey. Red Hulk. Rocket Raccoon. Rogue. S.H.I.E.L.D. Sabretooth. Scarlet Spider. Scarlet Witch. Sentry. Shang-Chi. She-Hulk. Silver Surfer. Spectrum. Spider-Girl. Spider-Man. Spider-Woman. Squirrel Girl. Star-Lord. Storm. Sub-Mariner. Thanos. The Winter Soldier. Thor. Thunderbolts. Toxin. U.S. Agent. Ultimates. Venom. Wiccan. Wolverine. X-23. X-Force. X-Men

Marvel. Au commencement Timely Comics. 1939.  2009. Walt Disney Company rachète Marvel Entertainment pour 4 milliards de dollars

DC. Au commencement National Allied Publications. 1934. Ensuite DC qui a été racheté par Warner Bros Entertainment Inc. filiale de Time Warner cie. TWX. Revenue 29 milliards. Valeur de la compagnie 79 milliards. Prix de l'action. 66 $.

DC. Abréviation de Detective Comics qui racontait les aventures de Batman. Il y avait aussi Action Comics qui racontait celle de Superman.

Les 2 compagnies publient 80% des BD US. Sans compter les jeux vidéso, les films – dessins animés et réalistes. Les poupées. Et tous les produits dérivés.

Et l’insinuation fatale et la mort du petit commerce : 

Start your Marvel unlimited monthly  membership for just .99 ¢. Read nearly 15,000 digital comics for 99 cents. 

Il l'observait depuis un moment. Elle semblait absourdie. Elle n'avait visiblement aucune idée de ce que tout ceci signifiait. 

Probablement que dans son esprit - mystérieux - c'était une femme- tout ceci n'était qu'une suite de couvertures brillantes excessivement colorées. 

Il aurait beau essayer de lui prouver que c'était de l'art. Moderne. Actuel. Elle ne le croirait pas. 

Puisque les aventures des dieux vengeurs destructeur de galaxie s'en allant menacer la Terre ne lui disait rien. Elle devait avoir d'autres goûts. 

Puisqu'elle n'était pas parti en courant. 

Son ami était collectionneur. Donc elle connaissait les goûts de son ami.

Mais ne trouvait pas les mots pour les expliquer.

*

État 1. 2 - . 3. 5 mars 2014

2.3.14

462.159. LA PETITE BLONDE FAIT DES ACHATS RESPONSABLES.

Elle regarda la TV avec lui un moment. 

Il avait déjà remarqué sa présence. 

Et elle savait qu'il l'avait remarqué.

Comme tout bon commerçant. 

Comme toute bonne consommatrice dévouée à la bonne marche du capitalisme.

Il attendait, comme tout bon commerçant - ou même un peu moins bon (mais un commerçant moyen  tout de même expérimenté) qu'elle se tourne vers lui. Que leurs yeux se rencontrent. Comme par hasard. 

Brièvement.

Spontanément.

En attendant, il continuait à regarder la TV

Il est impoli et improductif ou, pire, contre productif, d'indisposer une future consommatrice. Dans le genre: on a besoin de quequechose ma petite dame! Ce qui aurait été une erreur funeste (et ou) fatale. D'autant plus que cette phrase, elle l'avait entendu trop souvent de la part de gens qui voulait impérieusement s'appesantir sur elle. Être outrageusement familier. 

D'autant plus qu'en plus, elle était petite. 

On voulait lui vendre quelque chose.

Elle le savait. C'était un commerce et on y vendait des choses.

Elle achèterait. Si elle le voulait. Et on ne lui ferait pas payer un loyer pour la vision des étagères. 

Ou le spectacle - même très joli - de la TV.

Dans le genre Rabelais. Un ami de Pantagruel se promène au marché et bifurque vers la boutique d'un rôtisseur. Il entre et hume sans payer. Et reste là à profiter du moment. Considérant qu'il n'avait pas l'intention d'acheter ou, pire, n'en avait pas les moyens, le cuisinier se fâche et lui réclame de l'$ pour avoir senti ses viandes. Certes délicieuses. Mais pas pour tout le monde. Car il faut les payer. Au lieu de se fâcher, le mauvais client - lorsqu'on est reçu de cette manière, on se promet de ne plus jamais remettre les pieds dans ce trou à rat - et on n'a plus l'idée d'aller une seconde fois chez les gens et de les complimenter sur leurs talents - est tout content. Il prend une pièce dans sa bourse. Ah! Il avait de l'argent. Peut-être de l'or. Et il est crédule en plus. Le commerçant se désole à la fois de sa mauvaise humeur tout en se consolant de la naïveté du client. Le genre de crétin qui fait tout ce qu'on lui dit. Dans le conte, il y a Panurge et ses moutons qui correspondent à cette description. Plus les moutons que Panurge, en fait. On revient à client. Celui-ci, encore content, ce qui semble faire parti de son état général, prend une pièce d'or, de l'or, la montre, c'est bien de l'or, la tend au rôtisseur qui reluit de joie et le client laisse tomber sa pièce sur le comptoir de bois et d'un autre geste, il la rattrape avant que l'autre le fasse à sa place et la remet dans son sac de cuir. Disant: Je te paie l'odeur de ton rôt avec le son de mon argent. Et il s'en va. 

S'il ne connaissait peut-être pas ses classiques dans leur version romanesque, il avait lu en BD: Gargantua & Pantagruel de Dino Battaglia. 2001, Éditions Mosquito. Qui existent encore. Mais plus l'auteur. Décédé. 

ISBN 978-2908551389

Et on l'a dit, c'était un commerçant moyen - vu la petitesse de sa boutique - mais prudent. Il était encore en affaire malgré le coût du loyer.

Et il attendrait.

Il faisait ça du matin au soir. Et dormait dans un coin de sa boutique. Ce qui était illégal - quoique les cuisiniers chinois ont la réputation de dormir dans leurs cuisines par famille entière - selon le code du bâtiment. Les assureurs. Les inspecteurs municipaux. Et les inspecteurs de l'hygiène. 

De temps en temps, un visiteur venait visiter. Parfois, silencieux. Quelque fois, parlant. Et, de temps en temps, le visiteur ou la visiteuse - plus rares en ces lieux - se transformait en client ou cliente et achetait.

Béni soient-ils!

Qui ne font pas encore leurs achats sur Internet.

Et n'essaient pas de le cambrioler.

Toute journée amène ses petites joies. 

Parfois pour soi. 

On collectionnait même. 

Comme il aimait cette catégorie de visiteurs - ou de visiteuses - plus rares. Selon lui, il n'y en avait pas assez dans ce monde. Ils étaient difficiles, regardant, prenaient un temps infini ou trop long à se décider mais cessaient de compter et d'économiser quand ils - rarement elles - trouvaient. Ils payaient et étaient même reconnaissant. Non. Il n'y en avait pas suffisamment.

Pas comme ces gens qui venaient acheter puis revenait réclamer leur $ et devenaient mécontents quand il leur disait qu'il ne remboursait pas mais échangeait seulement. Jusqu'à ce qu'il cesse même d'échanger. Il y a des limites! 

En plus, certains le traitaient de voleurs parce qu'ils avaient découvert le même livre dans un grand magasin qui le soldait. Même neuf. Leur truc pour attirer le client. 

Lui, donnait des signets. Ou marque page.

Clients qui seraient contents d'un rabais - ah! s'ils avaient su avant ! - qui ne coûtait rien au magasin puisque c'était l'éditeur qui consentait à se priver. Ou il faisait semblant .Même à 45 % de rabais, aucun des 2 ne perdaient rien puisque c'était la remise habituelle aux libraires. 

Parfois, le magasin réclamait une super-remise et c'était alors l'éditeur qui saignait pour tout de suite après faire saigner son auteur dont on réduisait le % de droit d'auteur. L'hémorragie financière se répandait et devenait contagieuse. 

Tout ceci pour vendre plus de livres. À perte. 

Ce qui était stupide. 

Non commecial.

Absolument et résolument non capitaliste.

Mais la vie commerciale était remplie de gens stupides qui faisaient sans cesse des actions stupides et insensées. 

Et, les clients du grand magasin - même ceux qui ne penseraient pas à l'insulter, lui, le libraire - ou ne savaient même pas qu'il existait, lui, ou même que quelque part, il y avait un commerce mystérieux, comme le sien, ou un autre, où on vendait des livres (réellement, il y a des gens qui font, fabriquent, vendent des livres) (tout de même étonnant !) - penseraient que tous les autres produits du grand magasin sont ou étaient aussi économiques. Parce que le propriétaire et les actionnaires étaient bons. 

Même catholiques.

Erreur. 

Ainsi le grand commerce ferait de l'$ avec l'$ des autres. Celui de ses clients et celui de ses fournisseurs stupides et suicidaires. Ainsi va la vie. Et la mort.

Le petit commerce essayait entre temps de respirer à l'ombre des grands arbres. Un peu de lumière lui parvenait parfois. 

Parfois.

Il avait abandonné les remises et les échanges - sauf si le livre était brisé - et il s'assurait au moment de la vente qu'il ne l'était visiblement pas. Et comme il était le seul vendeur et qu'il était toujours là, on ne pouvait pas lui passer en douce l'excuse qu'un autre vendeur que lui - puisqu'il était incurablement seul - avait vendu un bien avarié.

Car. 

Sinon, il aurait été encombré de jeunes lecteurs qui viendraient acheter chez lui et une fois lu, se feraient rembourser. Moins pire étaient ceux qui s'installaient des heures près d'une étagère pour lire tout ce qui s'y trouvait. On ne fait pas des affaires longtemps avec ce genre de sollicitude qu'on ne doit réserver qu'aux mourants et aux grands handicapés. 

Il avait le choix de les chasser au risque qu'on le déteste ou mette le feu à sa boutique ou jette une poubelle dans sa vitrine. Ou, pire, qu'au moment, où le client aurait enfin un emploi et de l'$, il penserait encore à son humiliation et aille chez le concurrent. 

Il considérait donc les jeunes clients qui stationnaient chez lui comme une forme d'investissement. Ou une bonne action qui serait récompensé au Ciel. 

Quoique ce concept soit vague puisque ses parents n'avaient pas songé à le faire baptiser. Pensant qu'il se déciderait un jour après avoir mûrement réfléchi. Ce que ne peut faire un bébé tout juste né. 

Oubliant la leçon millénaire des sectes qu'on n'endoctrine bien et durablement que les enfants. Mieux, les femmes. À l'état de fillette. Qui avec leur entêtement spontané pourront répéter jusqu'à leur dernier soupir les leçons de l'enfance. Et, au passage, endoctriner leurs propres enfants. Qui, à leur tour. Certaines sectes ont pu ainsi survivre des millénaires.

C'est ainsi qu'on porte des housses sur sa tête. Qu'on se la fait raser pour y ajouter une perruque. Avec des cheveux de femmes catholiques. Qu'on encourage le coupage de prépuce, de clitoris, l'égorgement des jeunes filles impures. 

Tout en proclamant sa liberté.

Et c'est avec joie, sincérité et gravité qu'on assistera au conseil de famille qui conclura à la nécessité d'égorger sa fille, sa cousine, sa nièce. Et la fille viendra comme un petit chien se faire égorger. C'est si bien fait.

La connerie humaine est symphonique. 

Ce qui est merveilleux.

On a peur que les ordinateurs se mettent à penser puis nous remplacent alors qu'on pense déjà comme des machines. 

Et penser comme des machines est déjà un progrès pour l'espèce.

Quoique «penser» ne soit pas le terme qui convienne. 

Anciennement, les médecins classaient l'intelligence par catégorie de quotient intellectuel. zéro à 25. 25 à 50. 50 à 75. Crétin. Imbécile. Débile. Attardé mental. Arriéré mental. 
Déficient mental. Handicapé mental. Handicapé intellectuel.  Malade mental signifiait fou ou dément. Mais on ne l'utilise plus. Débile. Idiot. Mongol. Attardé ou retardé. Aujourd'hui, on dira «autiste». Et ça va. On se sent mieux.

Même si on n'ose plus utiliser des termes aussi parlants, cette classification tient encore. A toujours son utilité. Elle explique le monde dans lequel on vit. 

Suffit d'écouter la radio.

Le crétin a une forme physique particulière - sa tête et son front - comme si l'organisme le modelait afin qu'on le reconnaisse ce qui obligeait ces infirmes à travailler à la radio plutôt qu'à la TV, trop révélatrice. Quant à la presse qui comportait son quota d'arriérés, encore fallait-il pouvoir lire et écrire. Ce qui exigeait un cerveau dépassant un peu le 75.

Actuellement, les idiots parlent avec ferveur de l'économie et du libre marché. La religion du jour. Un Q.I. de 74 suffit.

Il n'écoutait pas la radio.

Sauf la musique des années 70. Classique moderne ou actuel. 

Et il souriait à ses clients.

Quelquefois, on achetait pour donner un cadeau à un enfant, un enfant malade à la maison ou un enfant malade à l'hôpital. 

Comme il aimait ces petits mourants.

À qui on ne refusait rien. Il y avait même des organismes dont l'unique but était de procurer un dernier plaisir à ces petits malades. Presque agonisants. Généralement, un voyage organisé en chaise roulante à Disney World.

De vraies familles. De vrais souvenirs. Nous aimerions remercier la mère de la petite blonde d'avoir partagé ce souvenir avec nous et aussi de nous permettre de le partager avec vous. Toutes les mères savent à quel point les souvenirs sont à chérir. Et les souvenirs d'une fillette ? Et les souvenirs Disney? Ce sont des souvenirs magiques que vous vous rappellerez toute votre vie. Alors qu'attendez-vous ? Il y a des souvenirs Disney qui vous attendent.

Téléchargez et partagez vos souvenirs de vacances Disney préférés à disneyparks.com/souvenirs et vos souvenirs et  votre mémoire pourraient se retrouver dans notre publicité.

Ou LegoLand ou LegoWorld.

Et Zoommm Univers.

Avant qu'il ne soit trop tard.

Les voyages en groupe de mourants coûtaient moins cher. Et, en basse saison, encore moins.

Parfois, il faisait un bel emballage pour un enfant hospitalisé. Il ne faisait pas payer un supplément. Sauf si on insistait. Dans ce cas, il ne refusait pas.

Il regardait la jeune femme - la petite blonde - aller ici et là. Cherchait-elle quelque chose? Quelque chose de particulier ? Savait-elle ce qu'elle faisait ? 

Il n'avait jamais vraiment compris les femmes qui le lui rendaient bien. 

Mais il était chez lui.

Et elle était chez lui.

En quelque sorte son invitée.

Il était convenable qu'au bout d'un certain moment, le commerçant se présente et offre son assistance. 

Il était tout à fait convenable qu'au bout d'un certain temps, le client potentiel révèle ses potentialités et se décide à faire un acte commercial.

Il espérait que ce soit en $. Même ces horribles billets nouveaux en plastique qui colle. Car les cartes de crédit ou de débit coûtait quelque chose à chaque utilisation. Un % à l'utilisateur et un autre % au commerçant. 

Ceux qui faisaient vraiment des profits n'étaient plus les fabricants de quelque chose ou les vendeurs de quelque chose mais ceux qui leur louaient l'$. 

Il prit une grande respiration. Silencieuse. Comme à chaque fois qu'il abordait une femme. Ces êtres étranges et imprévisibles. 

Il espéra que cette fois il ne ferait pas de gaffe.

Il la salua et elle lui rendit son salut. 

S'avança vers elle. 

Et elle ne s'enfuit pas.

Comme la dernière. Il ne savait pas ce qu'il avait fait ou dit ou pensé - les femmes lisent-elles les pensées- et elle s'était sauvée. 

Si les femmes se mettent à acheter plus souvent, ici, il faudrait qu'il soit prudent. Il n'avait pas les moyens de gaspiller leur bonne volonté.

Bon. Elle ne reculait pas. Ne fuyait pas. 

Ne lui lançait aucun objet.

Lui souriait.

En effet, elle cherchait quelque chose mais ne savait pas quoi. Elle lui expliqua. Et c'était pour faire un cadeau. 

Comme elle était jolie, il se sentit heureux. Et remercia Dieu d'avoir créé les femmes. 

Elle cherchait du neuf. Ou des objets de collection. 

Quelque chose.

Terme vague.

Son ami aimait collectionner.

Elle avait un ami.

Cet ami était collectionneur.

Et elle était entré ici par hasard.

Quelle chance, elle avait, il avait plein de quelque chose et d'autres choses ici.

Il suffisait de regarder. Il y en avait partout.

Du plancher au plafond.

Pas un mur où il n'y avait quelque chose. 

Elle aurait pu partir et aller vérifier dans un établissement similaire mais plus grand et mieux tenu mais elle semblait avoir décidé que ce serait ici. 

Une opération commerciale se pointait à l'horizon.

Le seul défaut de cette affaire était qu'elle était une femme et une femme dans ce genre de boutique. 

Mais il avait tout son temps.

Et comme son loyer venait à échéance dans quelques jours et qu'il manquait toujours quelques $ pour faire le compte et que cette situation déplaisante se répétait souvent, il avait appris à convaincre. Faire pitié ne suffisait pas.

Et elle ne lui lançait aucun objet douloureux.

Elle ne criait pas.

Ne l'insultait pas.

N'avait pas l'air de vouloir le faire.

*

État 1. 2. 3 - 2.3.5 mars 2014